La Roumanie et la Moldavie peuvent-elles se réunifier ?
Près de 2 000 personnes ont manifesté ce week-end à Bucarest pour revendiquer la réunification de la Roumanie avec la Moldavie voisine. Ce défilé a lieu chaque année depuis 2012, au mois d'octobre. Cette demande s'avère toutefois irréalisable à l'heure actuelle, expliquent les éditorialistes.
L'adhésion à l'UE, préalable à toute réunification
Il ne pourra y avoir de réunification tant que la Moldavie n’aura pas intégré l’UE, souligne România Liberă :
«Avant de nous enflammer sur la question d'une réunification avec la République de Moldavie, nous devrions analyser froidement deux aspects fondamentaux. Le premier, c’est le statut juridique international lié à notre pays. Les frontières existantes sont le résultat de la Seconde Guerre mondiale. Si la Roumanie avait à l’époque perdu la Bessarabie [province qui constitue l’actuelle République de Moldavie], elle avait en revanche gardé la Transylvanie. Le second obstacle juridique, c’est le fait que la Roumanie appartient à l’UE. Pour que la Roumanie et la Moldavie se réunifient, il faudra d'abord que l’UE s'élargisse. Il convient de favoriser l’intégration de la République de Moldavie, mais en aucun cas de créer des conditions qui engendreraient une 'ukrainisation' de la Roumanie. Abolir les frontières établies à l’issue de la Seconde Guerre mondiale serait une initiative à double tranchant, et l’opportunité que guette Vladimir Poutine pour déstabiliser l’Europe de l’Est.»
Une ligne rouge à ne pas dépasser
Une réunification paraît inconcevable compte tenu du contexte géopolitique, souligne le journal en ligne Gândul :
«Il suffit de rappeler la guerre de Géorgie en 2008 et celle débutée en Ukraine en 2014, qui se poursuit toujours en 2016. … On comprendra ainsi que la Russie n’autorisera pas l’OTAN et l’UE à franchir une ligne rouge dans son voisinage direct, et à porter atteinte à ce qu’elle considère comme une 'zone tampon'. Pour l'empêcher, Moscou est prête à recourir à toutes les actions imaginables, fussent-elles illégales ou irresponsables, y compris la possibilité d’une guerre. La Transnistrie [province sécessionniste de Moldavie, où sont déployées des troupes russes] constituerait le prétexte idéal à de telles actions, dans l’hypothèse d'un rapprochement roumano-moldave et d'ingérences territoriales de la part de Bucarest.»