L'UE déclarera la guerre à la propagande
Sur son blog Euinside, Adelina Marini appelle les partis à combattre le populisme en 2017 :
«Le populisme repose sur la falsification des faits, sur la propagation délibérée de mensonges. En 2017, l’UE déclarera la guerre aux fausses nouvelles, aux mythes, aux contrevérités et à la propagande. Cette offensive dure déjà depuis un certain temps, mais pour une grande partie sans concertation. Jusqu’à présent, elle s’est plutôt manifestée par des actions et des réactions spontanées de l’opinion. Le Brexit et l’élection de Donald Trump ont donné à voir les populistes sous leur véritable visage. C’est une étape décisive dans la lutte contre le phénomène, mais c’est aussi un défi pour les partis traditionnels, qui semblent ne pas être en mesure de proposer des alternatives aux électeurs. Leur plus grave erreur serait de resservir aux électeurs une version réchauffée de ce qu’ils leur cuisinent depuis des décennies. Il faut trouver de nouvelles solutions.»
Une crise économique est peu probable
Une crise économique de l'ampleur de celle de 2008 n'aura pas lieu en 2017, explique Gitanas Nausėda, économiste de la banque SEB, dans le journal économique Verslo žinios :
«Premièrement, le système bancaire actuel n'est pas comparable à celui d’il y a dix ans. A l’époque, le portefeuille de crédits des banques était criblé de trous ; les banques cherchaient à se retrancher derrière des barricades de liquidités pour survivre à l’irruption du volcan financier. Aujourd’hui toutefois, ce ne sont pas les banques qui se mettent à l’abri, mais leurs clients. Deuxièmement, les banques centrales ont injecté sur le marché de l’argent facilement disponible, ce dont on n’aurait pas pu rêver en 2008. Le principal problème des établissements de crédit est la question de savoir comment dégager un rendement avec les marges d’intérêt actuelles sans contrarier les clients. Il y a toutefois un point commun avec 2008 : les faibles taux d’intérêt ont créé un environnement propice à une bulle immobilière.»
L'année qui pourrait tout changer
Hospodářské noviny égrène les évènements qui pourraient se produire en 2017 :
«Marine le Pen deviendra-t-elle présidente de la France ? Assistera-t-on au début de la désintégration de l’UE ? Donald Trump déclenchera-t-il une guerre par son prochain tweet ? Nous nous posons des questions semblables chaque année, mais cette année est différente. En mars, d’abord, le populiste néerlandais Geert Wilders pourrait décrocher le poste de Premier ministre. Le Pen a l’intention d’organiser aussi vite que possible un référendum sur l’appartenance à l’UE. Dans le même temps, le nouveau gouvernement italien pourrait être mis en échec ; le comédien Beppe Grillo [du Movimento Cinque Stelle] pourrait alors remporter les élections anticipées. Nous pourrions connaître le point culminant de ces événements en Europe le 22 octobre, lorsque les Allemands se rendront aux urnes. Angela Merkel est de nouveaux favorite, mais en raison de sa politique migratoire, le parti d’extrême droite AfD pourrait recueillir plus de dix pour cent des voix. L’année à venir pourrait changer beaucoup de choses.»
Terrorisme, Brexit, populisme
Dennik N fait pour sa part des prévisions concrètes pour 2017 :
«Merkel redeviendra chancelière, mais le parti d’extrême droite AfD peut devenir la deuxième force politique du pays. Après de longues négociations, on assistera de nouveau à la formation d’une grande coalition [avec les sociaux-démocrates]. … Les chambres parlementaires britanniques auront recours à l’article 50 de la Constitution européenne et déclencheront le Brexit, sans tenir compte des avertissements des économistes. … La chef de file du Front National Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche de s’installer à l’Elysée, mais la candidate d’extrême droite perdra finalement face à François Fillon. … La guerre en Syrie se poursuivra. Un conflit qui générera un nouvel afflux de réfugiés en Europe, mais un afflux de moindre importance. Plus Daech sera acculée sur les champs de bataille du Proche-Orient, plus l’Europe sera la cible du terrorisme. … Trump mènera une politique sans surprises. Il mettra en œuvre ses promesses électorales, mais pas dans leur forme la plus radicale.»
Des prévisions plus prudentes
Le journaliste Andrew Rawnsley estime de son côté qu'il faut prendre avec des pincettes les prévisions pour 2017. Car la nouvelle année, avec les élections en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, l’investiture de Trump et le lancement des négociations sur le Brexit, pourrait s’avérer plus imprévisible encore que 2016, écrit-il dans The Irish Independent :
«Que les prévisions soient plutôt optimistes ou plutôt pessimistes, elles en disent davantage sur la personne qui les fait que sur la probabilité réelle des évènements évoqués. Car disons-le franchement, après une année 2016 qui n’a eu de cesse de tromper les attentes des experts, des instituts d’opinion, des marchés financiers et des électeurs, personne ne peut plus affirmer quoi que ce soit avec certitude. La seule prédiction certaine que je ferai pour l’année 2017, c’est que les gens raisonnables se montreront nettement plus prudents dans leurs prévisions.»
La fin de la politique
Nous allons au devant d'une époque qui sera presque exclusivement dominée par les préjugés, la xénophobie et la stupidité, assure le philosophe Gáspár Miklós Tamás dans l’hebdomadaire hvg :
«La politique n’existe plus - la politique en tant que mode de gouvernement rationnel, autorégulé, public et alimenté par les contradictions et les débats menés par le peuple. Il n’existe plus que le marché et la violence systématique. Et comme cela ne suffit pas dans les pays pauvres et exploités, on complète ce système par des folies comme la 'religion' et la 'xénophobie', afin que les dirigeants aient le sentiment – vain et erroné – d’agir. … La partialité, l’intolérance, la déraison et l’égoïsme prédominent aujourd’hui. Or que préconise aujourd’hui l’extrême droite pour y remédier ? Encore plus de partialité, d’intolérance, de déraison et d’égoïsme - avec un succès littéralement explosif.»
L'UE a touché le fond
2016 aura été la pire des années qu’ait jamais connue l’Union européenne, résume Jutarnji list :
«Attentats terroristes, échec de la gestion commune de la crise des réfugiés, décision des Britanniques de quitter l’UE, rejet par les Pays-Bas de l’accord Ukraine-UE. Tout est allé de guingois. L’idée de l’élargissement et de l’intégration, qui est aussi vieille que l’UE même, a été inversée. Tout ce qui jusqu’ici était considéré comme un acquis sacré et était la fierté de l’UE, telle que la liberté de déplacement sans contrôle aux frontières au sein de l’espace Schengen, se trouve compromis. Beaucoup d’Etats membres s’opposent à une répartition équitable des réfugiés, deux pays étant même allés jusqu’à un recours en justice [Slovaquie et Hongrie]. Et le pompon, c’est que sur la question des réfugiés, nous sommes absolument dépendants de la Turquie, sous la direction de son imprévisible sultan. Pour 2017, il ne reste plus qu’à espérer qu’en dépit du Brexit, de Trump et des élections nationales, l’hystérie populiste ne s’aggravera pas encore plus que cela n’a été le cas cette année.»
Ce sera une année fabuleuse !
2017 sera la meilleure année depuis l’an 2000, plaisante le commentateur Luboš Palata dans Landesecho, journal de langue allemande paraissant à Prague :
«Donald Trump ne deviendra finalement pas président des Etats-Unis, car un contrôle des bulletins électoraux a montré que 99 pour cent des voix en sa faveur provenaient d’un virus informatique localisé dans une banlieue de Pyongyang. Faisant fi du Brexit, la Grande-Bretagne fera une demande d’adhésion à la zone euro, sous les applaudissement des Britanniques. Marine Le Pen n’arrivera même pas au deuxième tour. Angela Merkel gagnera les législatives haut la main au point de pouvoir se passer de son alliée bavaroise la CSU. En Turquie, le deuxième putsch réussira et Erdoğan sera banni à perpétuité au Turkménistan. Vladimir Poutine se rendre compte qu’il est impossible de construire un pont qui relie la Russie à la Crimée et déçu, il restituera la péninsule à l’Ukraine. Peu avant le réveillon de Noël, le président tchèque Zeman démissionnera. En signe de reconnaissance, ses adversaires boiront à sa santé 250 litres de la meilleure des slivovice, ce qui devrait suffire jusqu’au réveillon du Nouvel An.»