Lettonie : le Nouvel An à l'heure de Moscou
En Lettonie, de plus en plus de citoyens célèbrent le Nouvel An à l'heure de Moscou, suivent l'allocution de Poutine à la télévision, et dès 23 heures heure locale, trinquent et lancent des pétards. Une attitude qui génère le mécontentement des autres citoyens, notamment quand elle s'accompagne de fêtes, comme celle organisée à la Bibliothèque nationale. Quelles sont les raisons de cette Saint-Sylvestre anticipée ?
Larguer enfin les 'amarres émotionnelles' avec Moscou
Le quotidien Diena appelle à circonscrire enfin l’influence de la télévision russe en Lettonie :
«Il est relativement normal qu’un certain nombre de nos concitoyens, suivant l’heure de Moscou, font exploser leurs pétards quand retentissent les cloches du Kremlin à la télévision. Même si de nombreux Lettons s’en émeuvent, y voyant une relique de l’occupation soviétique. Ces liens émotionnels avec le pays voisin auraient depuis longtemps disparu au sein de cette partie de la population si les chaînes de télévision russes n’avaient pas artificiellement maintenu en vie ses sentiments. La Lettonie ne fait rien elle non plus pour enrayer ce phénomène. Car pour la plupart des Russes de Lettonie, le quotidien se déroule dans l’espace informatif de la télévision russe. … Nos politiques feraient bien de mettre enfin un terme à ces plusieurs années de débats sur la création d’une nouvelle chaîne de télévision russophone, et s’atteler plutôt à strictement définir l’évocation des intérêts nationaux par les médias d’information.»
L'argent n'a pas d'odeur
Neatkarīga ne s’étonne pas le moins du monde de la tenue de manifestations comme celle de la Bibliothèque nationale :
«Fêter le Nouvel an à la russe n’a rien de nouveau en Lettonie. C’est la loi de l’offre et de la demande, une loi élémentaire du commerce. Ceci n’a rien d’inhabituel. Le public veut entendre les cloches du Kremlin ? En voulez-vous, en voici ! Le public veut que la manifestation soit tenue en langue russe ? Qu’à cela ne tienne ! Tout cela est tout à fait compréhensible : ceux qui célèbrent la journée de la victoire le 9 mai veulent aussi fêter le Nouvel an avec Poutine. Quand bien même cela aurait lieu dans la Bibliothèque nationale. La location onéreuse de la salle a été payée et l’animateur de la soirée touche une rétribution juteuse. L’argent n’a pas l’odeur du Kremlin. On se compromet pendant quelque heures, on fait bonne chère et on ressort les poches pleines !»