Emploi : l'Autriche veut instaurer la préférence nationale
Le gouvernement autrichien entend créer un "bonus à l’emploi" pour inciter les entreprises à ne pas faire appel à des travailleurs détachés. Chaque nouvel emploi sera subventionné sur une durée de trois ans, par le biais d’une réduction des charges des entreprises - un coup de pouce qui ne s’appliquera pas aux travailleurs immigrés. Les éditorialistes des pays voisins de l’Autriche y voient une manœuvre électoraliste de la coalition gouvernementale au pouvoir à Vienne.
Un projet xénophobe qui nuit à l'image de l'Autriche
Le gouvernement SPÖ/ÖVP espère se maintenir au pouvoir grâce à cette initiative pour l’emploi, assure Handelsblatt :
«Pour parvenir à cet objectif, le chancelier autrichien n’a pas hésité à exploiter une xénophobie déjà largement répandue. Au lieu de considérer l’immigration comme une opportunité pour une économie orientée sur les exportations, l’Autriche choisit d’ériger un bastion contre la main-d’œuvre étrangère. Avec ce projet xénophobe, le gouvernement ne rend toutefois pas service à l’économie de son pays. Il porte au contraire atteinte à la réputation de l’Autriche. Pays à la fiscalité élevée, celle-ci a pourtant cruellement besoin d’investissements étrangers. Si elle veut remporter le combat contre la hausse du chômage, l’Autriche devra mener enfin de vastes réformes pour mettre fin à une bureaucratie galopante, à une pulsion régulatrice anachronique et à la paralysie sociopolitique. Mais il manque à Vienne la force et le courage d'engager de telles réformes.»
L'extreme droite n'est pas la seule à menacer l'UE
La politique pour l’emploi menée par le gouvernement autrichien porte atteinte aux fondements de l’UE, déplore Neue Zürcher Zeitung :
«Sur le plan des contenus, [le chancelier Christian Kern] est sur la même ligne que les partis d’extrême droite comme le FPÖ – partis abondamment décriés et considérés comme un danger pour l’Europe. Par peur d’élections anticipées, le partenaire de coalition europhile ÖVP lui emboîte sagement le pas. C’est là une politique à la petite semaine : peut-on s’imaginer le tollé qui se produirait si les Allemands décidaient subitement d’interdire leur marché du travail aux Autrichiens ? Ou bien si les PECO membres de l’UE désavantageaient les entreprises autrichiennes, sur des marchés vitaux pour ces dernières ? Les courants d’extrême droite ne sont pas les seuls à attaquer les fondements de l'UE. A Vienne, c’est une coalition gouvernementale sociaux-démocrates/centristes tout à fait normale qui les met à mal.»