Momentum peut-il braver Viktor Orbán ?
Le mouvement civique Momentum, qui avait lancé la pétition "NOlympia" pour organiser un référendum sur la candidature de Budapest aux JO 2024 et récolté plus de 266 000 signatures, aimerait se muer en nouveau parti anti-système en Hongrie. Si certains médias y voient une source d'espoir et croient que le mouvement saura faire bouger des lignes, les médias progouvernementaux en revanche pressentent de nouvelles forces destructives.
Faire la lumière sur les ex-agents du renseignement
Le mouvement citoyen Momentum devrait profiter de sa notoriété pour faire avancer sa prochaine initiative : permettre d'accéder aux dossiers d’anciens espions, conseille Magyar Nemzet :
«Aborder le passé communiste avec toutes ses zones d’ombre serait certainement dans l’intérêt de la nation. Au fond, seuls les anciens espions et leurs protecteurs pourraient avoir des raisons de s’y opposer. Si le Fidesz remettait en route sa machinerie de propagande contre une divulgation des dossiers des anciens services secrets, il devrait donner une explication raisonnable. Mais les têtes du parti du gouvernement auront du mal à trouver une justification plausible. Car aucun motif substantiel ne peut être évoqué pour refuser un travail sur l‘histoire. ... Le sujet de la divulgation des dossiers des anciens services secrets est donc une opportunité importante pour Momentum de réussir sa percée politique.»
De la racaille hautaine et antinationaliste !
Les membres de Momentum contrecarrent les intérêts de leur pays, lit-on dans Heti Válasz, qui se fait le porte voix du camp gouvernemental envers le nouveau mouvement citoyen :
«Munis de leurs sacs en jute de couleur, ils veulent montrer qu’ils sont différents, plus nombreux et qu'ils valent plus que le reste de la société. Ils veulent changer le monde et se battre pour la démocratie. Mais faire en sorte que les filles ressemblent à des filles, ils n’en sont plus capables. Il faut s’approcher de près et examiner de près leurs cheveux pour voir à quel sexe ils appartiennent. ... Ce sont des provocateurs, des agents soudoyés, des collaborateurs qui savent séduire tous ceux qui, ignorant tout de l’histoire de leur pays, sont une proie facile pour leurs mensonges. Le profil de leurs partisans : des simples d'esprit instrumentalisés pour nuire à leur propre nation.»
Un jeune mouvement qui peut changer la donne en Hongrie
Le mouvement civique Momentum pourrait devenir une force politique non négligeable, croit le commentateur Róbert Puzsér dans l’hebdomadaire Nevem Senki :
«Les anciennes forces politiques essaieront bien sûr de traîner dans la boue cette jeune formation, comme elles l’ont fait avec les autres. ... Un aspect particulièrement positif du mouvement Momentum est qu’il a une approche pragmatique des problèmes du pays et qu’il est imperméable aux idéologies du XXe siècle. Il incarne une identité politique qui exerce une critique virulente du système actuel. Huit ans après le parti écologique LMP, on assiste à l’émergence d’un nouveau mouvement de centre-droit qui est l’émanation non seulement d’une génération jeune, mais aussi d’une nouvelle culture politique. Il serait dommage qu’elle soit aspirée par le tourbillon de frustration, de bassesse et de haine propre aux vingt dernières années.»
Un programme mensonger, dès le départ
Le quotidien progouvernemental Magyar Idők estime en revanche que le nouveau mouvement citoyen, dans le cadre de la campagne NOlimpia, a déjà eu recours à des moyens déloyaux :
«On peut d'ores et déjà prédire que toute sa politique sera échafaudée sur la base de vils mensonges, comme il l'a déjà fait avec sa première action politique. Il a prétendu, de façon éhontée et importune, que les 266 000 personnes, par leur signature, avaient exprimé leur souhait qu'un référendum soit organisé. ... Rappelons donc la question réellement posée par Momentum : 'Etes-vous d'accord pour que Budapest retire sa candidature pour l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ?' ... Ce mouvement veut-il vraiment recourir à des mensonges pour s'installer sur la scène politique du pays ?»