L'octroi de visas humanitaires n'est pas obligatoire, selon la CJUE
Dans un arrêt rendu mardi, la Cour de justice de l’UE a estimé que les Etats membres ne sont pas obligés de délivrer des visas humanitaires aux réfugiés par le biais de leurs ambassades à l’étranger, afin que ceux-ci puissent se rendre dans le pays sollicité et déposer une demande d’asile. Selon le verdict, toute décision doit être prise en vertu du droit national. Plusieurs gouvernements ont fait part de leur soulagement quant à cette décision. La presse européenne, elle, se montre plus partagée.
L'Europe ne doit pas mettre en péril son système social
De Morgen y voit également une bonne décision, estimant que l’octroi de visas humanitaires n’est pas le moyen adapté pour venir en aide aux réfugiés :
«Il est certain que les Etats européens peuvent faire preuve de davantage d’humanité et de vigueur pour remédier à la détresse bien réelle des réfugiés piégés dans les zones de conflit. Mais ils peuvent le faire sans pour autant porter atteinte à leurs propres systèmes sociaux. Il faut espérer que les leaders européens retrouveront à un moment donné le calme nécessaire pour assumer cette responsabilité commune. La politique européenne actuelle est loin de faire preuve d’un excès d’empathie. Pourtant, se servir du régime des visas pour étendre l’accès au droit d’asile n’est probablement pas la meilleure méthode pour améliorer cet état de fait.»
Un déni de responsabilité
Dans La Stampa, le juriste Vladimiro Zagrebelsky tire à boulets rouges sur la décision prise par la Cour de justice de l’UE :
«Un droit d’asile et de protection humanitaire, qui oblige les Etats à n’assister que les réfugiés parvenus dans les lieux où l’Etat exerce sa juridiction, est moralement captieux. Car cela signifie qu’il n’existe aucune obligation d’accueil pour ceux qui ne sont pas arrivés sur le territoire lié à une responsabilité juridique nationale donnée. La conséquence de tout ceci, c’est que les Etats font tout pour empêcher l’arrivée de réfugiés, sans hésiter à recourir à des initiatives et à des accords internationaux marqués par la nécessité et l’hypocrisie. C’est le cas par exemple lorsque, pour abandonner les réfugiés à la responsabilité d’autres protagonistes, on prétend que les réfugiés seront accueillis dans des lieux et des camps (comme en Libye ?) où un traitement humain leur sera garanti.»