L'Arabie saoudite élue à la Commission de la condition de la femme
A l'issue d'un vote secret, les membres des Nations Unies ont élu l'Arabie saoudite au sein de la Commission de la condition de la femme. Cette monarchie du Golfe, réputée misogyne, sera appelée à y œuvrer d'ici 2022 pour l'égalité entre les sexes et la promotion des droits des femmes. Tout porte à croire que le gouvernement suédois a voté pour, ce qui horripile la presse du pays.
Quand Riyad prend la défense des femmes...
Le vote de Stockholm scandalise le quotidien Dagens Nyheter, qui mesure l'abîme entre les propos de la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström et ses actes :
«Entre le discours combatif d’une 'politique extérieure féministe' et ce qui se produit dans les faits, il y a un gouffre. ... L’adhésion de l’Arabie saoudite à la Commission des droits de l’homme est une farce, mais une farce qui n’est pas rare dans le travail de l’ONU. Dans le gratte-ciel de l'ONU à New York, les démocraties sont obligées de coopérer avec des Etats voyous. C’est la réalité du monde et de l’ONU. Il faut faire avec ce que l’on a. Mais élire au sein d’une commission des droits des femmes des cheikhs qui détestent les femmes et qui les rouent de coups pour les punir, ça, c’est vraiment le pompon.»
Une politique extérieure ne saurait être féministe
Le gouvernement suédois ne souhaite ni confirmer ni démentir avoir voté pour l'Arabie saoudite, mais indique que ce genre de décisions ne sont pas motivées par des considérations politiques. Pour Upsala Nya Tidning, l’affaire illustre les contradictions d’une politique extérieure qui s’auto-proclame féministe :
«Nul n’ignore que dans les Affaires étrangères, la realpolitik doit se montrer respectueuse et diplomatique. Mais on attendrait d’un gouvernement qui se targue d’être le premier gouvernement féministe au monde qu’il ne passe pas directement aux affaires courantes, se contentant d’invoquer la confidentialité de la politique extérieure. ... Le débat de ces derniers jours illustre clairement combien les grands discours sur une politique extérieure féministe peuvent être problématiques. La rhétorique entraîne immanquablement des conflits quant aux objectifs. Car ce n’est pas la dernière fois que le gouvernement sera obligé de s’engager dans une voie clairement contraire aux objectifs féministes.»