Ukraine : Poutine confirme l'utilisation d'un nouveau missile

La Russie a indiqué avoir lancé un nouveau type de missile de grande portée, l'Orechnik, sur la ville ukrainienne de Dnipro. Tiré depuis Astrakhan, sur la mer Caspienne, il s'agit d'une réponse aux attaques menées sur la Russie avec des missiles occidentaux, a expliqué le président Poutine dans une allocation vidéo. Celui-ci a aussi précisé qu'il n'était pas équipé de tête nucléaire, même si cela était techniquement possible. Les éditorialistes font le point.

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The Economist (GB) /

Une nouvelle phase du conflit

The Economist explique la gravité du recours au missile Orechnik :

«Par le passé, la Russie a déjà tiré sur l'Ukraine un grand nombre de missiles balistiques, comme les Kinjal, dont la plupart peuvent être équipé de têtes nucléaires. Mais les Orechnik sont différents. Ils ont été initialement classés, aussi bien par les Etats-Unis que par la Russie, dans la catégorie des missiles intercontinentaux. Si leur amplitude est un peu inférieure, ces missiles balistiques moyenne portée sol-sol sont des armes complexes et coûteuses, qui peuvent presque toujours être dotées d'ogives nucléaires. ... L'Orechnik est le premier missile moyenne portée, à charges multiples, à être tiré dans le conflit. Il pourrait ne pas être le dernier.»

Censor.net (UA) /

Une tactique psychologique

Sur le site Censor.net, Valeri Tchaly, ancien ambassadeur d'Ukraine à Washington, y voit une forme de chantage de la part de la Russie :

«L'alarmisme n'est pas de mise ! Quasiment rien n'a changé pour l'Ukraine. Des attaques avec des missiles susceptibles d'être équipés d'ogives nucléaires ont déjà été menées par le passé, y compris sur de grandes distances - par exemple avec des missiles de croisière Ch-55, certains équipés de fausses têtes nucléaires. ... Ce n'est pas un signal envoyé à l'Ukraine. C'est une tentative d'accroître le chantage nucléaire exercé contre l'Europe et de provoquer la réaction des alliés aux Etats-Unis, afin d'attiser la crainte d'une troisième guerre mondiale. Il s'agit, au fond, d'une opération psychologique.»

Polityka (PL) /

Il ne peut s'en tirer impunément

Polityka exige une réponse ferme :

«L'Occident a les arguments de son côté et il devrait s'en faire l'expression. Un test de missiles, des manœuvres avec de fausses armes atomiques, l'apparition d'un sous-marin nucléaire au large des côtes russes devraient suffire, en guise de réponse à cette surenchère. Il est aussi possible de réagir dans un autre langage - dans le cyberespace ou dans l'espace -, avec des conséquences tout aussi perceptibles. La pression économique et la diplomatie sont également des moyens qui ont fait leurs preuves. On ne peut tolérer que Poutine lance des missiles balistiques sur un pays sans défense et s'en tire impunément.»

Ekho (RU) /

Plus très loin de la guerre atomique

Dans un post Telegram relayé par le portail Ekho, le politique d'opposition Lev Chlossberg redoute les prochaines mesures :

«L'escalade ne peut se poursuivre indéfiniment. Chaque camp dispose d'un certain nombre d'opérations connues au départ, lesquelles s'épuisent progressivement. Ainsi, on peut décider soit d'éviter la catastrophe, soit de faire tout sauter. Jusque-là, les événements tendent plutôt vers la seconde option. Les deux camps étant bientôt à court de 'munitions' dans cette escalade, celle-ci ne devrait plus tarder à se conclure. Encore deux ou trois étapes, et les belligérants auront recours à des armes nucléaires. Peut-être pas sous la forme d'une frappe militaire, mais peut-être sous celle d'un test – le tabou nucléaire serait néanmoins brisé. La seule chose qui resterait alors, c'est une guerre mondiale.»

De Standaard (BE) /

Les promesses n'ont pas tenu

Les Etats-Unis ont décidé de livrer des mines antipersonnelles à l'Ukraine. Une décision que critique De Standaard, invoquant le traité proscrivant le recours à ce type d'armes :

«Le conflit montre à quelle vitesse les beaux serments se dissipent et la barbarie se répand. La comparaison avec la Première Guerre mondiale est de plus en plus patente, avec un front qui s'immobilise, où les soldats s'entretuent dans des tranchées. Une vie humaine, surtout du côté russe, n'a aucune valeur. Quelle est la prochaine étape ? On peut redouter qu'un pays belligérant se tourne prochainement vers les gaz de combat – car ces armes sont encore moins coûteuses.»