Migrants : l'Autriche veut déployer son armée sur le Brenner
Face au nombre croissant de réfugiés en Italie, Vienne menace de renforcer les contrôles à ses frontières et de faire intervenir l'armée au col du Brenner. Le ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz a fait savoir que l'Autriche était prête à "protéger" sa frontière, s'il le fallait. Ces propos s'inscrivent-ils dans la logique électorale ou sont-ils la conséquence logique de l'échec de l'UE dans sa gestion de la crise des réfugiés ?
Une dangereuse effronterie
Zeit Online est sidéré par l'attitude de Vienne :
«Kurz semble se désintéresser complètement du tort qu'il cause à l'Europe avec ses propos martiaux. Le gouvernement italien exige d'ores et déjà que l'UE engage une procédure contre l'Autriche. Elle a convoqué l'ambassadeur autrichien à Rome. Une aggravation de la situation est tout à fait possible : Il ne faut pas oublier que l'Autriche et l'Italie ont été des ennemis jurés tout au long d'un interminable 19e siècle et jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Les deux pays peuvent puiser dans un arsenal d'armes rhétoriques bien fourni. Kurz ne s'en soucie guère. Il part en guerre contre l'Italie car il veut devenir chancelier à Vienne. Une effronterie dangereuse.»
L’Autriche tire la sonnette d’alarme
Les menaces formulées par l'Autriche sont compréhensibles, estime quant à lui Der Standard :
«Un certain nombre de spécialistes de la sécurité craignent que la situation sur la voie maritime en provenance de la Libye ne devienne aussi critique que celle de la route des Balkans, à l'automne 2015 … Et quelle est la réaction de la Commission ? Elle a certes présenté un nouveau papier contenant une ou deux bonnes idées pour mieux contrer les agissements des passeurs. Ou l'idée de soutenir financièrement l'Afrique dans l'espoir de limiter les candidats à l'exil. Mais ceux qui espéraient que l'Union s'attaque cette fois-ci avec plus d'énergie à son problème de fond seront déçus : dans le plan d'action, on cherchera en vain un projet d'orchestration du droit d'asile dans un cadre européen, de même qu'une réforme sensée des contrôles aux frontières à l'intérieur de l'espace Schengen. Il ne faut donc pas s'étonner que des pays comme l'Autriche fassent cavalier seul, comme ils le font actuellement sur le Brenner.»
Un déplacement des problèmes vers le Sud
Les contrôles aux frontières ne font que déplacer le problème, sans toutefois le résoudre, s'indigne The Guardian :
«L'UE doit complètement revoir sa copie en matière de politique d'immigration. Par peur de réactions populistes, les gouvernements nationaux hésitent à créer ces voies sûres et légales qui permettraient un traitement correct des demandes d'asile. Les migrants n'ont pas tous droit à l'asile, mais toutes les demandes d'asile méritent d'être examinées de façon équitable. Une gestion de la crise misant en premier lieu sur les contrôles aux frontières est insuffisante, même si elle s'étend jusqu'aux frontières méridionales de la Libye. Reléguer le problème aux garde-côtes libyens ou à des milices ne fait que l'aggraver.»