Réfugiés : les médias allemands ont-ils été partiaux ?
Une étude menée par la fondation Otto-Brenner, proche des milieux syndicalistes, pointe d'importants manquements dans la couverture faite par les médias allemands, au plus fort de la vague migratoire de 2015 et 2016. Les journalistes auraient manqué à leur devoir d'impartialité et négligé les craintes et les peurs de la population. Les médias d'autres pays confirment ce diagnostic et en évoquent les effets.
Le paternalisme est de mauvais conseil
Les opposants au "Nous y arriverons", la devise de Merkel dans la crise des réfugiés, n'ont guère eu droit à la parole, déplore De Volkskrant :
«Ce n’est qu’après [les débordements de la Saint-Sylvestre à] Cologne que les débats sur l’immigration et l’intégration ont pris en Allemagne l’ampleur qu’on leur connaît. Il était devenu impossible de nier que les réfugiés n'étaient pas systématiquement animés de visions libérales. Parler d'un échec collectif de la presse, comme l'a fait [le spécialiste des médias Michael] Haller, ou dire qu’elle ne fait que diffuser des mensonges, comme l’affirment les populistes de droite, est absurde. Mais elle n’est pas non plus impartiale. Les antécédents historiques entretiennent la peur de faire le jeu de l’extrême droite. Mais pour un journalisme professionnel, le paternalisme est mauvais conseiller.»
Une propagande pro-Merkel
La couverture biaisée que les médias allemands ont fait de la crise des réfugiés a eu une incidence sur l’ensemble de l’Europe, estime e-vestnik :
«En soutenant naïvement Angela Merkel, les médias allemands lui ont communiqué, à elle et à la société, une image déformée de la réalité. Merkel s’est ainsi sentie confortée dans sa politique des réfugiés, malgré les critiques de beaucoup de politiques. Dans son aveuglement, elle a même essayé d’imposer l'accueil des réfugiés à tous les Etats de l’UE, ce qui a occasionné des tensions au sein de l'Union et a été un des facteurs à l’origine de l'issue du vote sur le Brexit.»