Quel Parlement pour l'UE post-Brexit ?
La commission constitutionnelle du Parlement européen examine actuellement ce qu'il adviendra des sièges qui se libéreront au lendemain du Brexit. A l'avenir, certains pays devraient pouvoir dépêcher davantage de députés, afin de refléter leur évolution démographique. Une autre proposition circule : affecter une partie des sièges à des représentants de listes européennes communes à plusieurs pays. Les journalistes n'accueillent pas tous la suggestion avec enthousiasme.
Une cure serait la bienvenue
La Stampa appelle à supprimer les sièges devenus vacants au Parlement européen :
«Alors que les juristes européens se demandent comment attribuer et répartir les sièges vacants, le bon sens et le pragmatisme nous invitent à nous en passer. Au-delà d'un idéalisme parfois justifié, le maintien de ces sièges est peu judicieux sur le plan politique et financier. [Le Parlement européen] est déjà l'une des assemblées politiques les plus peuplées du globe. ... Elle bat l'Amérique et ses consœurs européennes ; seules l'Assemblée populaire chinoise et le Parlement indien sont plus garnis. ... Serait-ce vraiment un drame si le Parlement de l'UE subissait une saine cure d'amaigrissement ?»
Proposer enfin aux électeurs de véritables alternatives
Süddeutsche Zeitung entrevoit la chance de faire enfin de la politique européenne quelque chose de tangible :
«On ne pourra durablement sensibiliser les citoyens sur le plan émotionnel que par le biais d'un véritable parlementarisme européen : un affrontement entre gouvernement et opposition qui présente des alternatives claires. Espérons que c'en serait alors fini de cette coalition centriste qui existe de facto depuis des décennies. La création de listes électorales européennes et supranationales serait un pas modeste mais nécessaire dans cette direction. Le jour où les partis qui font de la politique en Europe et pour l'Europe se présenteront aux élections et feront campagne sur ce qu'ils veulent mettre en place, ce jour-là seulement, on notera une différence sensible entre le niveau national et le niveau européen.»
L'extrême droite pourrait se fédérer
Helsingin Sanomat n'est pas convaincu :
«L'idée selon laquelle on pourrait combler le trou qui se forme au Parlement de l'UE en montant des listes européennes rassemblant plusieurs pays a fait des émules en France et en Italie. … Les tenants de cette proposition pensent que ceci pourrait consolider les forces pro-européennes et contenir les populistes. L'idée est mauvaise. Qu'est-ce qui leur fait penser que l'extrême droite et les forces anti-européennes soient incapables de se mettre en réseau et de remporter la victoire en créant une nouvelle liste ? De plus, la proposition favorise les grands pays. Même si les Finlandais choisissaient de donner leur voix au candidat finlandais sur la liste supranationale, celui-ci n'aurait pas de véritable chance.»