Comment réformer l'ONU ?
Outre le président américain Donald Trump, d'autres dignitaires soulignent également la nécessité de réformer en profondeur les Nations unies. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelle lui aussi à rendre l'organisation plus efficace et à l'adapter aux problématiques actuelles. Les éditorialistes européens évoquent des réformes nécessaires, qui ont toutefois peu de chance de faire l'unanimité.
Une unité de façade
Sur le site Adevărul, le journaliste Cristian Unteanu ne croit pas à une véritable réforme de l'ONU :
«Au sein même de l'ONU, il existe une foule de groupes d'intérêts politiques. C'est pourquoi il est difficile - pour ne pas dire impossible - de mettre en œuvre une législation basée sur des valeurs universelles, susceptible d'amorcer une nouvelle étape dans l'évolution de l'humanité. ... Comment affermir la confiance dans les actions de l'ONU lorsque, comme dans le cas de la Corée du Nord, il faut d'abord négocier des sanctions et les rendre 'politiquement acceptables', avant que celles-ci ne soient acceptées sans broncher, voire tournées en dérision, par le dictateur de Pyongyang ? A New York cette semaine, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'un changement. C'est lorsque ces leaders seront rentrés chez eux qu'ils seront divisés quant à la marche à suivre et les mesures à adopter. Business as usual.»
L'approche de Trump ne mène à rien
Prenons le temps de mener de bonnes réformes, propose Večer :
«Il est possible de revoir les règles du jeu, notamment au tout puissant Conseil de sécurité, où le veto de l'un des cinq membres permanents suffit à annihiler la moindre initiative (raisonnable). Il n'est pas judicieux cependant que chaque Etat songe d'abord à ses propres intérêts avant de se pencher sur ceux de la communauté internationale, comme l'a proposé Trump hier. Si tel devait être le cas, on peut oublier tout ce que l'ONU a pu apporter, comme la protection du patrimoine naturel et culturel, la lutte contre les famines et la protection des enfants. Il faut prendre le temps de mener convenablement les réformes.»
Supprimer le droit de veto
Trump a appelé lundi les Etats membres de l'ONU à soutenir son projet de réforme. Ces propositions sont louables dans la mesure où elles améliorent la capacité d'action de l'ONU, se réjouit El Mundo :
«L'organisation s'est transformée en institution sans laquelle les rapports entre les puissances mondiales seraient régis selon la loi du plus fort, et sans aucun égard pour les droits humains. C'est pourquoi il faut saluer le programme présenté hier, afin de lancer une phase de réformes destinées à améliorer l'efficacité de l'organisation. ... Mais même si ces réformes devaient être mises en œuvre, l'efficacité de l'ONU resterait confrontée à un obstacle majeur : le système de veto au Conseil de sécurité, qui a empêché de pouvoir intervenir dans des conflits comme la Syrie, la Corée du Nord ou le génocide des Rohingyas en Birmanie.»
Limiter le pouvoir du Conseil de sécurité
C’est avant tout le Conseil de sécurité de l’ONU qui a besoin d’être réformé, estime Sabah :
«Il serait souhaitable que Trump prenne la politique autant au sérieux que notre président. Et que dans sa critique de l’ONU, par exemple, il mette le doigt sur la composition 'pathologique' du Conseil de sécurité, comme l’a déjà fait Erdoğan, en disant clairement : 'Le monde est plus grand que cinq'. Car les ententes passées entre les cinq membres permanents qui possèdent un droit de veto, et leur obstination, rendent les autres Etats membres de l’ONU subalternes et superflus. Du reste, les Etats-Unis n’ont pas jugé nécessaire d'attendre une résolution de l’ONU avant d’attaquer et d’occuper l’Irak. Cette situation concerne les Etats membres, mais aussi tous ceux qui veulent défendre la démocratie et une politique responsable.»
Refléter les rapports de force actuels
Süddeutsche Zeitung espère qu'une réforme des Nations Unies s'attachera aussi à en restaurer la crédibilité morale :
«Les superpuissances de jadis sont sclérosées, l'UE n'est toujours pas une puissance mondiale tandis que l'OTAN est trop partiale, en raison de son duel avec la Russie. L'ONU est la seule à pouvoir au moins faire le tri dans ces crises. ... Plus de 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de sécurité devrait davantage refléter les rapports de force actuels, c'est-à-dire accorder plus de poids à un continent comme l'Afrique et à des pays comme l'Inde. Il y a aussi un problème moral, tant que des Etats qui bafouent les droits humains continuent de jouer un rôle majeur dans les instances dirigeantes. L'ONU est tout sauf parfaite. Mais en cette période de 'désorganisation mondiale', elle est plus importante que jamais.»