Roumanie : aux salariés de régler les charges sociales
A partir de 2018, la totalité des cotisations sociales sera à la charge des salariés en Roumanie. C'est ce que prévoit un décret adopté la semaine dernière en procédure accélérée par le gouvernement social-libéral PSD. De l'avis des observateurs, le gouvernement est en difficulté, car il avait promis une augmentation de 25 pour cent des salaires des fonctionnaires, sans être toutefois en mesure de payer les charges sociales. Or les éditorialistes s'indignent pour une autre raison.
La Roumanie à l'avant-garde du néolibéralisme
L'adoption de cette loi par le gouvernement social-libéral à Bucarest constitue une rupture du contrat social entre patrons et employés, critique le journaliste Iulian Leca sur le portail d'information Ziare :
«Cette réforme fiscale initiée par le PSD fait de la Roumanie une tête de pont néolibérale en Europe, mais aussi dans le monde. En laissant aux salariés la charge des cotisations sociales jusque-là assurées par les employeurs, le PSD affranchit les acteurs économiques de toute responsabilité quant au statut des travailleurs. Ceux-ci devront désormais ramper servilement aux pieds de leurs patrons et seront tributaires de ces derniers. Ces mêmes patrons qui, d'après le ministère des Finances, n'ont pas versé de cotisations sociales pour près de deux millions de salariés.»
Le PSD veut cimenter son pouvoir
Sur le site Baricada, le professeur de journalisme Gelu Sabău explique en quoi consiste réellement cette réforme :
«Tout le fardeau repose désormais sur les épaules des employés - une situation inédite en Europe, qui rompt avec le principe de solidarité entre employés et patrons. Dorénavant, toute modification portée aux cotisations sociales sera à la charge exclusive des employés. Si elles augmentent, cela n'impactera pas le coût du travail pour les patrons. ... Cette mesure prise par le PSD aura des effets sociaux très délétères. C'est une mesure habituellement prise par des gouvernements néolibéraux qui veulent affaiblir la main d’œuvre. Rien ne peut justifier idéologiquement qu'elle soit prise par des sociaux-démocrates. La volonté cachée de la centrale du parti, c'est de cimenter sa position hégémonique à l'avenir.»