L'émergence d'une culture de la haine en Pologne ?
Des nationalistes polonais ont installé samedi à Katowice des gibets auxquels ils ont pendu les images de six eurodéputés affiliés au parti libéral PO. Ces parlementaires avaient récemment voté en faveur d'une résolution du Parlement européen contre la Pologne. Le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro (PiS), a défendu l'initiative des nationalistes, estimant que l'opposition a été la première, par ses manifestations, à diffuser une rhétorique haineuse. Certains commentateurs voient les choses d'un autre œil.
Le pays risque de sombrer
La rhétorique du PiS au pouvoir et de son président Jarosław Kaczyński a grandement contribué à ce que des incidents semblables puissent se produire aujourd'hui, juge le quotidien Gazeta Wyborcza :
«'Des communistes et des voleurs', 'des traîtres', 'des canailles' - voilà les termes utilisés par le président du PiS et sa garde rapprochée. Aussi bien au pupitre du Sejm qu'à la radio d'Etat, on entend régulièrement l'opposition être taxée de traîtrise. ... Face à un gouvernement qui cherche à éveiller les instincts les plus vils, la société civile, les médias et l'Eglise se doivent de réagir avec rigueur. Nous ne pouvons tolérer que notre pays soit précipité dans les abîmes de la haine.»
Un pas vers la violence physique
Polityka va jusqu'à comparer la rhétorique des nationalistes avec celle du parti au pouvoir PiS :
«Les nationalistes radicaux reprennent dans leur performance le discours tenu par des leaders du PiS dans leur condamnation des six eurodéputés en question. C'est dans les rangs du PiS que l'on trouve les premières occurrences du terme de 'traître'. Et comme on le voit, certains y ont compris une invitation à dresser l'échafaud. Ces potences symboliques sont une atteinte à la dignité humaine. De là à prononcer de véritables peines, sous la forme de violence physique, il n'y a qu'un pas.»