Hongrie et Pologne revendiquent plus de pouvoir
Les Premiers ministres polonais et hongrois persistent à rejetter toute répartition des réfugiés entre les différents pays de l'UE selon le système des quotas. A l'occasion de la première visite du nouveau chef de gouvernement polonais Mateusz Morawiecki à Budapest, les deux dirigeants ont réclamé un plus grand pouvoir décisionnel dans l'UE. Ce partenariat repose-t-il sur une base solide ?
Varsovie s'assure un soutien
L'alliance hongro-polonaise suit des objectifs clairs, souligne Il Sole 24 Ore :
«La concorde régnait entre les deux Premiers ministres à Budapest : du rejet de la politique migratoire à la volonté de combattre les sanctions de l'UE contre la Pologne, en passant par l'avenir de l'intégration européenne. ... Et sur le nouveau budget européen, la passe d'armes entre l'Union et les PECO devrait probablement être plus rude encore. La Pologne bénéficie de plus de 100 milliards d'euros sur la période 2014 à 2020, la Hongrie de 23 milliards. Une redistribution des fonds paraît néanmoins inévitable compte tenu des nouveaux équilibres dans l'UE (avec le Brexit notamment). Morawiecki le sait très bien, et c'est pour cela qu'il demande, de concert avec Orbán, 'un plus grand droit de codécision' dans l'UE : pour la patrie, la foi et la famille - mais aussi et surtout pour que l'économie polonaise continue de tourner à plein régime.»
Un partenariat problématique
Rzeczpospolita estime que la Hongrie n'est pas un bon partenaire pour la Pologne :
«Il vaut la peine de réfléchir à ce qui unit la Pologne et la Hongrie. Et surtout de se demander si sur le long terme, les deux pays ont des intérêts communs. Malheureusement, en terme de sécurité, nos intérêts sont différents, et même contraires. Les Hongrois l'ont déjà prouvé par leur refus d'envoyer des soldats aux bataillons protégeant le flanc oriental de l'OTAN, d'une importance pourtant vitale pour notre pays. De plus, la Hongrie est le seul pays de la région qui donne l'impression de se préparer à une vie sans l'UE. ... Tout ceci montre combien un partenariat avec la Hongrie est problématique.»
Après Budapest, cap sur Bucarest !
Pour développer l'Initiative des trois mers, le portail Wpolityce appelle la Pologne à se tourner ensuite vers la Roumanie :
«La première visite du chef de gouvernement Mateusz Morawiecki à Budapest a été un succès. Mais ceci semblait évident, dès le départ. La diplomatie polonaise aura besoin d'autres réussites dans la région pour mesurer son efficacité réelle. ... L'une des tâches les plus urgentes consistera à convaincre d'autres Etats de la région que l'Initiative des trois mers n'est pas l'idée exclusive de la Hongrie et la Pologne, ou encore la chasse gardée de ces deux pays, mais qu'elle rassemble tous les Etats, de l'Estonie au Nord à la Croatie au Sud, selon un principe d'égalité. Et Bucarest est la première capitale dans laquelle ces propos devront être tenus.»