La zone euro, îlot de stabilité ?
Le marché boursier américain a traversé sa période la plus difficile depuis le début de la crise financière. Par comparaison, la zone euro semble faire figure d’îlot de stabilité. Les espoirs sont-ils justifiés ? Quels sont les risques ? La parole aux experts.
Du progrès dans les pays périphériques
Si la zone euro n'a pas souffert des récentes turbulences du marché, c'est grâce à l'amélioration de la situation dans les Etats périphériques, assure Daniel Gros, directeur du Centre for European Policy Studies, dans une analyse relayée par Jornal de Negócios :
«On ne peut plus considérer les économies des pays périphériques comme des maillons faibles endettés. A l'exception de la Grèce, elles affichent toutes des excédents commerciaux, ce qui signifie qu'elles ne sont pas dépendantes des flux de capitaux, mais au contraire qu'elles remboursent leurs dettes étrangères. ... Si la situation actuelle devait se poursuivre quelques années encore, la zone euro pourrait se retrouver constituée uniquement de pays créanciers, certains (Allemagne et Pays-Bas) affichant une forte position extérieure nette et d'autres (les pays périphériques) une petite position extérieure nette.»
Retrouver l'équilibre
Dans Alternatives Economiques, Xavier Timbeau, directeur de l'OFCE, se montre moins optimiste :
«L'appréciation de l'euro va peser négativement sur l'inflation et réalimenter les craintes déflationnistes. Et elle n'est pas finie. La zone euro affiche un excédent considérable de ses échanges extérieurs de près de 400 milliards d'euros. Pour les rééquilibrer, il faudrait un taux de change de l'ordre de 1,35 dollar pour un euro. … Si l'excédent de la zone euro n'est pas réduit (par plus de demande en Allemagne, par exemple), alors la pression à la hausse subsistera. En raison de la grande hétérogénéité des situations des pays européens, la conséquence profonde n'en sera pas seulement moins d'investissement. ... Ce sera le retour du risque d'éclatement de la zone euro.»