Le Labour veut un 'Brexit soft'
Le Parti travailliste, dans l'opposition, a pour la première fois formulé ses objectifs quant à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE. Le chef de file du parti, Jeremy Corbyn, s'est déclaré favorable lundi au maintien du pays dans une union douanière avec l'UE - et donc à un "Brexit soft", soutenu également par certains membres hauts placés de la formation de la Première ministre, Theresa May. Quels seront les effets de cette décision ?
La Grande-Bretagne resterait soumise à l'UE
Pour The Daily Telegraph, un maintien dans l'union douanière serait contraire aux attentes des citoyens favorables au Brexit :
«La Grande-Bretagne doit avoir la liberté de conclure de nouveaux traités commerciaux ou de réviser ses droits de douane comme elle le souhaite - sur les marchandises, les services, les produits agricoles ou autres, dans la mesure où les règles de l'OMC sont respectées. Il faudra par ailleurs avoir la possibilité de dévier de la majorité des normes européennes si on le désire - sans avoir à demander l'autorisation à l'UE. Si ces deux conditions sont remplies, on pourra réellement parler d'un Brexit. Dans le cas contraire, on aura seulement un compromis qui nous ménage de rares avantages et de trop nombreux inconvénients.»
Corbyn sème la zizanie parmi les Tories
Le plaidoyer de Corbyn en faveur de l'union douanière fait l'effet d'une bombe dans le camp conservateur, assure le professeur d'économie Paul De Grauwe dans De Morgen :
«Pour les tenants d'un 'Brexit dur', le maintien de l'union douanière serait une restriction inacceptable de la souveraineté du pays. Mais sans l'union douanière, il faudrait instaurer des contrôles douaniers entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Ce qui, aux yeux de nombreux conservateurs (et du gouvernement irlandais), constitue une ligne rouge. Il se pourrait donc qu'une partie des conservateurs soit d'accord avec le Labour sur un maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'union douanière. Et d'ici à ce que le litige gagne les rangs du gouvernement, il n'y a qu'un pas. Des tensions en perspective outre-Manche...»
Le dilemme des détracteurs de May
La proposition de Corbyn place les Tories critiques du Brexit devant un dilemme, juge également Neue Zürcher Zeitung :
«Car en soutenant le maintien du pays dans l'union douanière, ils pourraient contribuer à la chute de Theresa May mais aussi, par la suite, favoriser l'avènement à Downing Street d'un partisan d'un Brexit dur. Il se peut aussi qu'ils ouvrent la voie, sans le vouloir, à un scrutin anticipé et à l'élection de Jeremy Corbyn au poste de Premier ministre. Vendredi, Theresa May devra désormais tenter de convaincre ceux qui considèrent son projet de Brexit - un traité de libre-échange exceptionnel (contrairement à la volonté travailliste d'un maintien de l'union douanière) - comme une simple vue de l'esprit.»