Un 'Litualeaks' ?
En Lituanie, la divulgation de courriels de la présidente Dalia Grybauskaitė suscite un scandale. Dans ces messages, elle communique avec l'ex-président du Parti libéral, Eligijus Masiulis, mis en examen pour corruption. Leurs échanges portent sur le soutien de Masilius aux décisions de Grybauskaitė et les journalistes en prennent pour leur grade. De l'avis de la presse lituanienne, la présidente est au pied du mur.
Un scandale impossible à étouffer
Pour le quotidien Lietuvos rytas, qui a publié les courriels qui ont fuité, la présidente Grybauskaitė est sous pression :
«Le problème, ce n'est pas que les responsables politiques s'échangent des e-mails ; le problème, c'est la teneur scandaleuse de ces messages. La présidence a tenté d'étouffer le scandale, et ce faisant, elle a produit l'effet opposé. La publication de Lietuvos rytas a été relayée par d'autres médias ; des politiques, des juristes et des politologues ont pris la parole. ... Les propos les plus édifiants sont ceux tenus par [l'ex-député soupçonné de corruption] Eligijus Masiulis : 'Si l'on veut vraiment nettoyer l'ensemble du système politique, alors il ne faudra faire aucune exception'. Un message clair à l'intention de la présidente.»
Entre la présidente et le Parlement, un clash permanent
La réaction du monde politique lituanien à cette affaire est très caractéristique, écrit le politologue Vytautas Dumbliauskas dans Lietuvos žinios :
«Le régime républicain semi-présidentiel génère plus de problèmes que d'avantages. Grybauskaitė a montré qu'elle pouvait être la protagoniste principale de ce petit jeu politique. Mais ce jeu a un prix : un conflit permanent. C'est probablement la raison pour laquelle le président du Parti des paysans et des Verts, Ramūnas Karbauskis, s'est à ce point hâté d'évoquer l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire, voire une procédure de destitution. On savait que les relations entre la présidente et la majorité parlementaire n'étaient pas bonnes. Dans le dernier rapport annuel, elle a même reproché aux députés un manque de bon sens. ... Elle avait probablement raison, mais les 'paysans' se sont ensuite sentis blessés.»