La Pologne révise sa 'loi sur l'Holocauste'
Par le biais d'une procédure accélérée, la Pologne a révisé la loi controversée qui punissait de prison quiconque incriminerait l'Etat ou un citoyen polonais d'avoir participé à l'Holocauste. Les sanctions prévues ont été supprimées. Cette loi avait été vivement critiquée, notamment par Israël. Faut-il encadrer juridiquement les débats historiques ? C'est la question que posent les éditorialistes.
Les 'déviationnistes' ne doivent pas finir en prison
Dans Ekho Moskvy, le chroniqueur Anton Orech plaide pour une suppression générale des sanctions judiciaires en matière de débats sur l'histoire :
«Des lois similaires sont en vigueur dans notre pays : l'Etat réprime les soi-disant 'falsifications de l'histoire'. ... Lorsque quelqu'un affirme que Hitler a bien fait de gazer les juifs, c'est une chose. Un tel individu ne peut être qu'un salaud, avec des vues fascistes, nazies et racistes. ... Il faut sanctionner la propagande de telles idées. Mais lorsqu'on discute en revanche des causes des évènements historiques et qu'on cherche à évaluer l'ampleur des catastrophes, alors il peut y avoir des avis divergents. Il ne peut, sur ce point, y avoir de vérités indéboulonnables. Et surtout, on ne peut jeter des gens en prison en raison de leurs opinions. ... On peut certes punir les appels à la violence, mais pas les doutes. »
On n'a pas su défendre la vérité
Il pourrait déplaire à une partie des électeurs que le PiS ait décidé d'édulcorer sa "loi sur l'Holocauste", estime wPolityce.pl :
«Il faut malheureusement reconnaître que face à la résistance israélienne, nous avons échoué à imposer la loi dans notre propre pays avec toute la vigueur nécessaire. Une loi qui, de notre point de vue, favorise le combat pour la vérité historique, et qui, du leur, est antisémite. Les médias israéliens ont déjà relevé la transformation et la jugent positive. La fin du litige est donc en vue. Mais l'image de notre gouvernement pourrait en pâtir en Pologne. Ce sont les détracteurs de la loi et du gouvernement qui se réjouissent aujourd'hui ; l'opposition se réjouit. Mais ceux qui, de concert avec le gouvernement, ont voulu lutter pour la vérité, ne comprennent pas ce qui s'est passé. Ceux qui estimaient que le plus important était de défendre la vérité au nom de nos ancêtres.»