Passe d'armes entre Salvini et Asselborn
Lors d'une réunion ministérielle à Vienne, le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini et le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn ont eu une violente altercation portant sur l'immigration. Pour la plus grande joie de ses partisans, Salvini a posté sur Facebook et Twitter un enregistrement de la scène, bien que la rencontre se soit déroulée à huis clos. Les commentateurs applaudissent le coup de sang d'Asselborn.
On ne combat pas le racisme avec la diplomatie courtoise
Le quotidien Tageblatt témoigne toute sa compréhension à Asselborn pour son coup de colère :
«Il semblerait que l'esprit du temps veuille que les commissaires européens (y compris leur chef) chantent les louanges de ces individus d'extrême-droite. Non content de les écouter, on leur fait des courbettes - et ils passent pour pro-européens pour peu qu'ils cessent un instant de parler de référendums de sortie de l'Union. ... La diplomatie, quand on la pratique au fleuret moucheté, ne viendra pas à bout du racisme, du fascisme et du néonazisme. Il faut que beaucoup de voix s'élèvent pour clamer haut et fort ce qu'elles pensent. Et comme personne ne s'est trouvé pour lever la voix vendredi dans le groupe où Asselborn se trouvait, c'est une bonne chose que le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg au moins ait eu le cran de taper du poing sur la table. Car ceux qui se taisent sont des complices - qui compromettent autant le vivre-ensemble que le font les incendiaires du genre Salvini ou Kickl [ministre autrichien de l'Intérieur].»
De quoi sortir de ses gonds
Jorge Marirrodriga, rédacteur à El País et spécialiste de l'Italie, a également trouvé la prestation de Salvini difficile à supporter :
«Il faut être très fort pour réussir à mettre un Luxembourgeois en colère. Salvini, leader de la Lega et vice-Premier ministre italien, y est arrivé avec ses diatribes contre l'immigration. ... Ses arguments à l'emporte-pièce ont chauffé à blanc le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui a rappelé le passé migratoire de l'Italie, et fini son intervention par un 'merde alors!' - ce qui équivaut à peu près, au Grand-Duché du Luxembourg, à une déclaration de guerre. ... Il faut comprendre Salvini. ... Il est à la tête d'un parti qui initialement rejetait l'idée de l'Etat italien. ... A la position qu'il occupe actuellement, il doit être plus italien que les autres. Quand on le traite de 'petit Mussolini', en son for intérieur, ce n'est pas l'adjectif 'petit' qui le fait enrager, ni la comparaison avec un fasciste, mais le fait que Mussolini ait été italien.»