France : un péage urbain est-il envisageable ?
Le gouvernement français prépare une loi prévoyant une taxe pour les automobilistes voulant entrer dans les centres-villes. Cette taxe vise à réduire la pollution atmosphérique. Le texte prévoit un péage urbain d'au moins 2,50 euros dans les villes de plus de 100.000 habitants. Les médias français s'interrogent notamment sur les aspects sociaux de cette mesure.
Contre l'exclusion des banlieusards
Le Figaro fustige la nouvelle taxe appliquée aux automobilistes comme discrimination sociale :
«Comment les habitants de la France périphérique ne verraient-ils pas, ... une forme assumée de ségrégation sociale dans un mécanisme qui permet aux citadins mondialisés et aux plus aisés de circuler à leur guise dans des villes musées débarrassées des banlieusards et (peut-être) de la pollution - tandis que les autres attendent aux portes de la cité l'hypothétique développement de moyens de transport efficaces et sûrs ? Ils rappelleront à bon escient que la voiture individuelle reste l'unique option pour se déplacer sur près de 80 pour cent du territoire et que la trottinette, fût-elle électrique, ne constitue pas un moyen de transport pour le commun des mortels.»
Une taxe pour financer des alternatives à la voiture
Pour Charles Raux, chercheur en économie des transports, la mesure est une expérience à tenter, comme il l'avance dans La Croix :
«Le modèle peut paraître inégal socialement, et il est probable que l'argument sera avancé par les opposants au péage urbain. C'est pour cela que, à côté des contraintes, il faut des compensations. Notamment une utilisation des recettes pour financer des alternatives à l'automobile : transports publics renforcés et améliorés, pistes cyclables plus nombreuses. … C'est une sorte de redistribution qui, au final, réduit au contraire les inégalités entre les citoyens.»