Trident Juncture : grande manœuvre de l'OTAN
Dans l'opération la plus vaste de son histoire depuis la dissolution de l'Union soviétique, l'alliance militaire occidentale effectue actuellement en Norvège une grande répétition de la marche à suivre en cas d'attaque. Parallèlement, elle mène une manœuvre navale en mer baltique, au large de la Finlande. A qui sert véritablement Trident Juncture ?
Une grand-messe de l'industrie de l'armement
Avvenire se demande à qui profitent les grandes manœuvres militaires et la sortie du traité NFI :
«Le réarmement représente un marché qui rapporte près de 1 700 milliards de dollars par an, soit 2,3 pour cent du PIB mondial et dont les États-Unis, la Russie et la Chine sont les trois principaux protagonistes. ... En d'autres termes, rivaux et souvent ennemis sur le grand échiquier politico-militaire mondial, Moscou et Washington (mais aussi Pékin) sont de joyeux compères sur le marché de l'armement. Une suppression des traités internationaux sur les missiles serait une aubaine pour les fabricants d'armes des deux côtés de l'Atlantique. Après tout, en forçant un tout petit peu le trait, Trident Juncture 18 n'est autre qu'une merveilleuse vitrine du potentiel de guerre de l'alliance atlantique. Ou est-ce une pure coïncidence que les Russes, en invités d'honneur, y soient assis au premier rang ?»
Une mise en garde à l'attention de la politique
Le bras de fer entre l'OTAN et la Russie inquiète Frankfurter Rundschau :
«Cette rivalité tombe au moment même où les Etats-Unis menacent de sortir du traité FNI visant le démantèlement des arsenaux. Où l'ambassadrice de l'OTAN s'exprime en termes quelque peu équivoques qui laissent entendre que les Etats-Unis s'apprêtent à mener une frappe préventive contre la Russie. Où les présidents des puissances nucléaires se laissent guider dans leur politique par un sentiment d'humiliation. Les opérations d'entraînement sont donc en tout premier lieu un coup de sifflet à l'adresse de la politique, lui conseillant de déployer autant d'énergie à revenir sur le terrain de négociations plus pacifiques au lieu de s'installer dans un équilibre de la terreur.»
La Suède devrait rejoindre l'OTAN
La Suède, officiellement non alignée mais étroitement liée depuis longtemps à l'organisation dans le cadre du 'partenariat pour la paix', participe aux manœuvres. Dagens Nyheter ne comprend pas les réticences à une véritable adhésion :
«La suède fait tout avec l'OTAN, tout sauf rejoindre le club, car la logique des sociaux-démocrates connaît sur ce point un genre de black-out. ... Pourtant, seuls les membres bénéficient des garanties de sécurité collectives. Renoncer officiellement à ce qui s'appelle le non-alignement nous ouvrirait la voie à une planification opérationnelle commune. Ce serait une avancée pour la défense de Gotland [île suédoise en mer Baltique]. En cas d'attaque de la Baltique, cette île jouerait un rôle clé. Et il semblerait préférable de privilégier l'OTAN sur le Kremlin - plutôt que l'inverse.»