Arrestation d'une dirigeante de Huawei au Canada
A la demande des autorités américaines, Meng Wanzhou, directrice financière du géant des télécoms chinois Huawei, a été arrêtée mercredi à Vancouver, au Canada. Les Etats-Unis la soupçonneraient d'avoir violé des sanctions américaines contre l'Iran et réclament son extradition. D'autres raisons sont à l'origine de cette arrestation, estiment les éditorialistes, qui redoutent une confrontation entre Pékin et Washington.
Washington doit fournir des explications
Financial Times évoque les répercussions de cette arrestation :
«Les autorités américaines n'ayant pour l'instant pas fourni d'informations claires et détaillées quant aux griefs retenus contre Meng, cette arrestation fait l'effet d'une provocation. ... Elle pourrait être réellement liée aux sanctions américaines contre l'Iran. Mais compte tenu des inquiétudes permanentes autour des pratiques de Huawei, cette décision risque d'être perçue comme une tentative du pouvoir américain de poursuivre des objectifs politiques et économiques, et non comme une simple mesure judiciaire. C'est indéniablement le point de vue qu'en a la Chine, laquelle pourrait être tentée de recourir à des mesures de rétorsion, susceptibles d'aggraver un peu plus le litige commercial.»
Une guerre commerciale plomberait la conjoncture mondiale
Ivan Jakovina, journaliste à Novoïé Vrémia, craint que l'arrestation de Meng Wanzhou n'envenime le litige commercial sino-américain :
«Lorsque les Etats-Unis le veulent, ils peuvent causer de véritables désagréments à leurs rivaux. ... Pékin a vu rouge car Huawei Technologies est l'un des fleurons de l'industrie électronique chinoise. Les Chinois estiment que les Etats-Unis vont procéder de la sorte pour fausser la concurrence - ce qui est probable, connaissant le caractère de Trump. Cette arrestation pourrait par ailleurs être un nouveau signal du développement de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies de la planète. Or il est indéniable qu'une telle guerre tire l'ensemble de l'économie mondiale vers le bas.»
Des manquements des deux côtés
Il est tout aussi légitime de critiquer Trump que le groupe Huawei, estime El Periódico de Catalunya :
«Personne ne doute du fait que la multinationale chinoise, comme tout grand groupe, cherche à imposer ses propres règles. Ce qui justifie la défiance de nombreux pays : ils craignent que l'entreprise, par le biais de ses appareils, soit en train de développer un réseau d'espionnage ou de contrôle à l'échelle mondiale. D'un autre côté, on peut douter de la disposition de Trump à respecter les concessions qu'il a faites au sommet du G20. Mais on peut aussi s'interroger sur la volonté réelle du groupe Huawei à prouver qu'il n'est pas à la solde de l'Etat chinois. En l'absence de ces garanties, la guerre froide numérique nuira inévitablement à la croissance mondiale. Et surtout à celle des pays émergents, qui connaissent déjà des difficultés.»