BCE : vers la fin de la politique monétaire expansionniste ?
La Banque centrale européenne (BCE) entend mettre un terme à ses rachats massifs de dette à partir de l'année prochaine. Si certains éditorialistes jugent l'initiative dangereuse compte tenu de la conjoncture actuelle, d'autres estiment que le coup de frein monétaire de la BCE n'est pas assez marqué.
Plus de filet de sécurité
La Vanguardia s'inquiète de la décision de la BCE :
«Brexit, difficultés de la France et de l'Italie à se conformer aux objectifs budgétaires, crise des pays émergents, volatilité des marchés - autant dire que la fin de la politique de relance monétaire arrive au pire moment imaginable. ... Le filet de sécurité monétaire n'est plus là, et l'on devrait en observer rapidement les effets. Quoi qu'il en soit, les gouvernements devront désormais mener une politique économique et fiscale plus rigoureuse, afin de ne pas dilapider la confiance des investisseurs quant à la dette publique et pour éviter toute sanction par le biais des taux d'intérêt [dont ils doivent s'acquitter sur les marchés obligataires]. C'est de ce risque, précisément, que les préservait jusque-là la politique de la BCE.»
Draghi aura bientôt brûlé sa dernière cartouche
C'est une erreur de croire que la BCE a refréné sa politique monétaire, estime Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«En réalité, l'institution de Francfort appuie sur l'accélérateur. Seuls les achats nets d'obligations publiques doivent cesser à partir de l'année prochaine. Avec l'argent d'obligations arrivées à échéance, de nouveaux titres continuent à être achetés. On ne peut donc pas vraiment parler d'un arrêt du programme de rachats de titres . ... La BCE utilisant tous les moyens monétaires dont elle dispose - elle continue à pratiquer une politique monétaire des plus expansionnistes en dépit de la reprise - on peut se demander ce qu'elle compte faire le jour où surviendra le ralentissement, qui est inéluctable. Rachètera-t-elle alors les actions ou tous les titres obligataires ?»
La BCE a stabilisé l'euro
Der Standard loue la politique monétaire de la BCE :
«Le programme de rachat de titres de la BCE, qui prend fin en ce mois de décembre, a contribué à stabiliser l'euro. Les coûts des crédits ayant fortement baissé en Europe méridionale, la BCE a ainsi donné une formidable impulsion économique. L'inflation n'est pas hors de contrôle, elle est de l'ordre de deux pour cent dans la zone euro, conformément aux objectifs. Quant à la garantie des taux d'intérêt pour les épargnants, cela n'est pas et n'a jamais été la mission de la banque centrale. Un point que la plupart des détracteurs de Mario Draghi n'ont toujours pas compris.»
Des solutions créatives pour sauver l’économie mondiale
La BCE a-t-elle outrepassé son mandat en menant une politique monétaire expansionniste ? s'interroge Le Temps :
«Réponse : non, car c'est en donnant un coup de fouet à la consommation qu'on évite la déflation. … Dans une chaîne de production globalisée, les prix de nombreux produits et services ne cessent de baisser. Et les gains en productivité grâce aux nouvelles technologies d'information ralentissent également la hausse des prix. Autant dire que la guerre contre l'inflation est devenue un combat d'arrière-garde. Les banques centrales l'ont compris et ont su trouver des solutions créatives pour sauver l'économie mondiale.»