COP24 de Katowice : des instruments pour protéger le climat
Lors du sommet de l'ONU sur le climat à Katowice, la communauté internationale a adopté plusieurs dispositifs afin de définir pour les différents pays les modalités de la réduction des émissions et des contrôles mutuels. Le but est la mise en œuvre des objectifs décidés il y a trois ans dans le cadre de l'accord de Paris. Le monde prend-il enfin au sérieux la protection climatique ?
Tricher est devenu plus difficile
La COP24 de Katowice a réalisé d'importantes avancées dans plusieurs domaines, se félicite The Irish Times :
«Le sommet s'est soldé par des mesures de protection du climat transparentes. Et si l'on parvient à résoudre l'an prochain certaines questions encore en suspens, il aura mis fin à la pratique des bilans truqués - par exemple celle qui consiste à compter deux fois une même réduction de gaz à effet de serre. En outre, les délégués ont réussi à trouver un équilibre entre les pays les plus petits, les plus pauvres et les plus vulnérables, les pays industrialisés qui contribuent le plus au réchauffement du climat et les économies émergentes, lassés que l'on veuille leur faire porter une part encore plus grande du fardeau dans la lutte contre le changement climatique. Une voie claire vers des aides financières claires a enfin été définie, de manière tangible et durable.»
La crise comme chance
Kevin Buckland, artiste et militant au sein du mouvement Global Climate Justice, espère dans Krytyka Polityczna que l'imminence du désastre pourrait déclencher l'ultime prise de conscience de l'humanité :
«Toute crise qui ébranle la communauté fait voler en éclats les normes culturelles, ouvrant ainsi la possibilité d'une réorganisation. Plus rien ne peut empêcher le navire de sombrer, mais nous pouvons encore ralentir le naufrage. Au lieu d'attendre que le capitaine nous assigne une place dans le canot de sauvetage, il serait temps de décider ensemble comment transformer nos chaises longues en radeaux de sauvetage.»
Une réponse à la plupart des questions
Bien que le climat mondial soit loin d'être sauvé, les rudes négociations en ont valu la peine, estime Deutschlandfunk :
«Fait réjouissant, la communauté internationale a adopté des règles strictes pour la protection du climat : dorénavant, tout pays devra comptabiliser ses émissions et en rendre compte devant le reste du monde. De plus, les pays industrialisés seront tenus de déclarer s'ils respectent leurs engagement vis-à-vis des pays en développement. Tout cela paraît fort technique, et pour cause. La conférence a toutefois le mérite d'avoir répondu à la plupart des questions restées en suspens lors du sommet historique de Paris. Il y a trois ans, l'accord obtenu à Paris s'apparentait à une loi fondamentale. La COP24 est comme son pendant en droit administratif. Ne serait-ce que pour ce grand progrès, la conférence de Katowice est une réussite.»
La coopération mondiale fonctionne
Les décisions adoptées lors de la conférence ont de quoi rendre optimistes, lit-on dans Hospodářské noviny :
«Presque plus personne ne se range à l'avis de l'ancien président Václav Klaus selon lequel pour faire face aux changements climatiques, il suffisait d'enfiler un pull de plus ou de moins. Au contraire, on ressent la volonté d'arrêter des mesures concrètes, quitte à mettre la main au porte-monnaie. La crainte formulée en amont du sommet ne s'est pas vérifiée : celle que la montée du nationalisme dans le monde actuel entame la volonté de s'engager ensemble pour combattre le changement climatique. L'esprit de la coopération mondiale n'est pas mort et la situation n'est pas désespérée.»
Beaucoup de bruit pour presque rien
Pour Gazeta Wyborcza, cette conférence n'aura été guère plus qu'un coup d'épée dans l'eau :
«Il est vrai que les délégués ont adopté des règles pour mettre en musique l'accord de Paris. Qu'ils se sont mis d'accord pour examiner et archiver tous les cinq ans les mesures de protection du climat pays par pays. Mais quel poids cela a-t-il vraiment à l'aune du rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui prédit une catastrophe d'ici douze ans ? Pour un résultat si maigre, il ne valait pas la peine de dépenser 250 millions de zlotys, bloquer Katowice pendant deux semaines et y dépêcher des policiers de tout le pays. Un e-mail avec un smiley tout sourire aurait eu le même effet.»
Des objectifs trop étriqués
De Volkskrant appelle la politique et l'économie à redoubler d'efforts pour protéger le climat :
«En quelques années seulement, l'urgence et la prise de conscience d'une responsabilité commune qui avaient fait la réussite du sommet de Paris en 2015 ont cédé la place au nationalisme et au protectionnisme. ... Bien que des pays en développement ressentent d'ores et déjà les effets des changements climatiques - sécheresses, inondations et ouragans - tant les pays riches que l'industrie se soustraient à leurs responsabilités. ... C'est inquiétant. Si la politique ne se résout pas à définir sans tarder des objectifs plus ambitieux, la prochaine occasion de le faire ne se présentera pas avant 2025. Pour les générations à venir, ce sera trop tard. L'attentisme et la procrastination ne sont plus des options envisageables.»