Belgique : le Premier ministre annonce sa démission
Suite à la crise gouvernementale et au vote de défiance que l'opposition prévoyait contre lui, le Premier ministre belge Charles Michel a proposé au roi sa démission mardi soir. Les médias belges redoutent que le pays ne retombe dans la paralysie des blocages partisans, mais tous ne sont pas terrassés par le pessimisme.
Un drame politique qui mène à l'ingouvernabilité
Les partis cherchent d'abord à se mettre en avant au lieu de se soucier de l'intérêt du pays, déplore La Libre Belgique :
«Les citoyens assistent, une fois encore, médusés, à ce triste spectacle d'un monde politique qui éprouve bien du mal à placer les intérêts des citoyens au-dessus des petits jeux politiciens. … S'ils pouvaient nous épargner la séquence 'c'est pas moi, c'est lui', cela permettrait peut-être de ne pas aggraver, si la chose est encore possible, la méfiance des citoyens à l'égard du monde politique. ... On peut espérer une campagne digne, axée sur le bilan, sur les programmes. Si les élus devaient à nouveau s'insulter comme des charretiers, on peut déjà prédire le résultat du 26 mai : une forte croissance des extrêmes, de droite et de gauche, et un pays hautement ingouvernable.»
La Belgique s'enfonce dans la brume
Les nationalistes flamands de la N-VA ont rivalisé d'intransigeance avec le parti d'extrême droite Vlaams Belang sur le pacte de l'ONU sur les migrations, avec pour corollaire le retour à l'instabilité gouvernementale :
«La radicalisation de la N-VA pourra rendre la campagne électorale plus intéressante, mais la formation d'un gouvernement plus hasardeuse. ... Il semblerait que le Royaume de Belgique avance une fois de plus vers une longue et sombre période d'instabilité institutionnelle, avec des gouvernements paralysés. Comme un air de déjà-vu. ... Une situation qui rappelle la chanson de Paul Simon et Art Garfunkel : 'Hello Darkness my old friend / I've come to talk with you again.'»
Un pied de nez à la N-VA
L'offre de démission est une pirouette habile de la part du Premier ministre belge, lit-on dans L'Echo :
«En choisissant la case palais royal, Charles Michel évite une claque magistrale assénée par les députés au travers de leur motion de méfiance. Mais aussi, il n'accélère pas le processus des élections anticipées. Il le complique. Car seul le Parlement pourra, dorénavant, en décider. Il faut en effet une majorité absolue à la Chambre pour que la proposition de dissolution soit soumise au Roi. Or, parmi les partis démocratiques, personne - exceptée la N-VA - n'a envie de ces élections anticipées. En choisissant la case palais royal, Charles Michel fait donc un dernier pied de nez à la N-VA. Cette N-VA qui l'aura fait tourner en bourrique durant quatre ans et deux mois.»