30 ans d'élections libres en Pologne
Le 4 juin 1989, les premières élections partiellement libres étaient organisées en Pologne - une première dans le bloc de l'Est communiste. En Pologne, cet évènement historique revêt autant d'importance que la chute du mur de Berlin. Les éditorialistes portent un regard rétrospectif sur ce scrutin historique et sur les trois dernières décennies traversées par la Pologne.
Plus sûre, plus riche et plus forte que jamais
La Pologne a réalisé des progrès admirables ces 30 dernières années, souligne le journaliste Edward Lucas dans une tribune à l'agence de presse BNS :
«La Pologne est devenue le principal partenaire militaire des Etats-Unis en Europe continentale. Le Polonais Donald Tusk est le président du Conseil européen - un poste clé dans l'UE. ... Contrairement à tous les autres Etats développés, le pays n'a pas connu une seule période de récession ces 25 dernières années. La Pologne a créé des institutions robustes et la société civile du pays est florissante. L'intégration des réfugiés ukrainiens, dont le nombre s'élève jusqu'à un million, a réussi. Si les querelles politiques actuelles sont susceptibles de détourner l'attention de ces acquis, le pays n'a toutefois jamais été aussi riche, puissant, heureux et sûr qu'aujourd'hui.»
La mutation des ex-communistes
En Pologne, les anciens communistes s'engagent aujourd'hui pour le pluralisme et l'Etat de droit, analyse l'auteur Sławomir Sierakowski dans The Guardian :
«Rétrospectivement, je crois que le véritable succès de 1989, c'est le fait que les ex-communistes soient restés fidèles à la démocratie. Ils n'ont pas bafoué la Constitution. Il ont leurs travers, certes, mais ils sont restés loyaux vis-à-vis du système démocratique nouvellement créé. Récemment, ces mêmes ex-communistes ont participé aux élections européennes en s'engageant pour la défense de la démocratie, et contre l'actuel parti populiste au pouvoir, Droit et justice (PiS), soutenu par le syndicat Solidarność et l'Eglise catholique. Ce profond paradoxe illustre à lui-seul tout le succès de 1989.»
L'impossible transition
Le portail conservateur wPolityce.pl s'attaque au legs du 4-Juin:
«La IIIe République polonaise ne peut être qualifiée de 'nouvelle Pologne', mais plutôt de 'nouvelle république socialiste'. Notamment parce que les 'élites' postcommunistes se sont directement assurées des avantages confortables. Les généraux communistes au sein du gouvernement ont pu piller tranquillement les archives publiques, protéger les services secrets et se répartir les fonds alloués à la police politique. ... C'est pourquoi la 'nouvelle république socialiste' est passée de la première à la dernière place dans la liste des pays ayant engagé des changements démocratiques. Dans les années consécutives au 4 juin 1989, une politique répressive a fait taire les critiques, empêché de faire le bilan du communisme et entravé le développement d'un capitalisme et d'une démocratie régulés. »