France : Vincent Lambert est mort
Vincent Lambert, patient dans le coma depuis onze ans suite à un accident de moto, est mort. En vertu d'un jugement de la Cour de cassation, les médecins du CHU de Reims ont lancé l'arrêt des traitements le 2 juillet. Le litige autour de la poursuite des soins maintenant Vincent Lambert en vie a fait l'objet d'un long feuilleton judiciaire et a divisé la famille du patient, mais aussi le pays entier.
L'histoire de Vincent Lambert nous a beaucoup appris
Véronique Fournier, médecin et présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, apporte son éclairage dans Le Monde :
«Le temps du deuil est venu. C'est lui, d'abord, qui s'impose, avec toute la retenue et le respect requis. Si quelque chose mérite maintenant d'être souligné, c'est l'importance de ce que son histoire nous a fait comprendre de quelques enjeux de la fin de vie. ... La longue saga médicale autant que judiciaire qui a précédé sa mort a grandement contribué à faire progresser nos lois et nos pratiques. Merci à lui. Mais espérons qu'il ne l'aura pas payé trop cher et, surtout, qu'il nous pardonnera l'exposition insensée à laquelle, pour son plus grand malheur, nous l'avons collectivement condamné.»
Nous ne saurons jamais ce qui est juste
Il n'y aura vraisemblablement jamais de position "juste" sur la question de l'euthanasie, constate Newsweek Polska :
«La question problématique de savoir quand et de quelle façon autoriser quelqu'un à mourir continuera de se poser dans de nombreux pays. Elle suscitera des résistances éthiques, juridiques, mais aussi économiques - une part croissante du budget des caisses d'assurance maladie est affectée aux soins prodigués aux personnes en fin de vie. Et ce problème ne sera jamais résolu de façon pleinement satisfaisante. C'est pourquoi il ne saurait y avoir de réponse définitive à la question de savoir comment se comporter lorsqu'on se retrouve dans la même situation que la femme de Vincent Lambert.»
La France a besoin d'une révolution
La gestion des autorités françaises dans l'affaire Lambert est incompréhensible, fait valoir Le Soir :
«On ne peut que s'interroger au minimum sur l'absence en France d'une hiérarchie des consignes, qui désigne comme en Belgique le conjoint puis les enfants comme prioritaires. Et s'interroger sur cette hypocrisie qui consiste à refuser toute injection létale en attentant, de longs, d'interminables jours durant, que le corps en sédation profonde finisse par s'éteindre au risque, pour l'accompagnant, de n'être pas au plus près de celui ou celle qu'il aime au moment ultime. ... La France a encore bien du chemin à faire pour vaincre la frilosité conservatrice. Avec une opinion plébiscitant pourtant l'euthanasie, c'est tout simplement incompréhensible. S'il est un 'ancien monde' à révolutionner, c'est aussi celui-là.»