Féminicides : l'action de la France est-elle insuffisante ?
Plus de 100 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France depuis le début de l'année. Le gouvernement, de concert avec des organisations féministes et des structures de prévention, entend prendre des mesures concrètes pour lutter contre les violences conjugales, et a promis de débloquer un million d'euros à cet effet. Insuffisant, jugent les commentateurs.
De l'argent pour protéger les femmes
L'Etat doit débloquer des fonds s'il veut montrer qu'il prend au sérieux la lutte contre les violences faites aux femmes, lit-on dans l'éditorial de Libération :
«Il va falloir maintenant dégager des moyens pour donner aux professionnels, aux administrations, aux associations les moyens concrets de venir en aide aux femmes frappées, violentées, épouvantées par un homme ivre de sa pseudo-toute-puissance. Elles appellent encore trop souvent au secours dans l'indifférence. Les besoins sont légion. Les structures d'accueil aptes à accueillir des femmes menacées de mort manquent. Il faut aussi former ces premiers interlocuteurs que sont les policiers, trop souvent ignorants, parfois indifférents, ou tout simplement surchargés de travail. Il faut surtout éduquer les hommes. Qu'ils soient fils, frères, oncles ou pères. Sans eux, rien ne bougera.»
L'exemple espagnol
L'Obs appelle la France à s'inspirer de son voisin méridional :
«Grande cause doit rimer avec grands moyens. L'Espagne, qui a pris le problème à bras-le-corps en 2003, consacre 200 millions d'euros par an à la lutte contre les violences faites aux femmes, presque trois fois plus que la France. Quatre fois plus de plaintes y sont déposées, quatre fois plus d'ordonnances de protection y sont délivrées. En 2003, 71 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ; le chiffre est tombé à 47 en 2018. Le combat n'est pas terminé, mais le pays qui a inventé le mot 'machisme' a trouvé la voie pour faire reculer cette insupportable violence. A la France de l'imiter.»