Le Nobel de la paix remis à Abiy Ahmed
Le prix Nobel de la paix a été attribué au Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, pour récompenser son initiative visant à résoudre le conflit frontalier avec l'Erythrée. Il gouverne l'Ethiopie depuis avril 2018. Une décision qui ne fait pas l'unanimité parmi les éditorialistes.
Un prix qui envoie le bon message
Dnevnik trouve qu'Abiy Ahmed a bien mérité le Nobel :
«La réconciliation avec l'Erythrée n'est pas la seule décision qu'il ait prise avec résolution. Il a aussi fait passer de profondes réformes politiques, économiques et démocratiques qui requéraient un grand courage politique : il a en effet froissé des susceptibilités, il s'est fait des ennemis et l'armée a tenté cette année de mener un coup d'Etat dans le nord du pays. Ahmed est également actif sur la scène politique internationale et il a participé à des tentatives de pacifier trois conflits sur le continent Africain. Ce Nobel se veut aussi un message à l'attention d'autres leaders d'Afrique, d'Asie et du Proche-Orient - les trois continents où il y a le plus de conflits dans le monde.»
Tout reste à faire en Ethiopie
The Guardian met en garde contre tout emballement dans le cas de l'Ethiopie :
«Ces réformes radicales ont suscité autant de soutien que d'animosités - le Premier ministre a notamment fait savoir en juin que le gouvernement avait déjoué un coup d'Etat. Le démantèlement d'institutions complexes a eu des répercussions inattendues. Le remaniement et le bridage de l'appareil sécuritaire répressif est en partie responsable de la hausse des conflits ethniques dans le pays. Il faut également que tous ces changements soient institutionnalisés. Si le Premier ministre a promis des élections libres et équitables l'année prochaine, certains observateurs craignent qu'on ne s'est pas clairement fixé l'objectif du progrès politique.»
La paix ne se conclut jamais seul
Ria Novosti juge illogique que le dictateur érythréen, Isaias Afwerki, n'ait pas été distingué lui aussi :
«Cela doit être lié au fait que le personnage ne corresponde pas vraiment aux idéaux démocratiques. Il règne sans partage depuis 1993, il n'y a pas d'élections, le Parlement n'est pas convoqué et seul un parti existe : le Front populaire pour la démocratie et la justice, qu'Afwerki dirige lui-même. ... D'un autre côté, les statuts du prix Nobel de la paix évoquent l'aspect des efforts en faveur de la paix, que les deux dirigeants africains ont fourni, et ne mentionnent nulle part la nécessité d'un ordre démocratique exemplaire. Le chef de file de l'OLP, le Palestinien Yasser Arafat, qui avait partagé le prix avec Shimon Peres et Yitzhak Rabin en 1994, n'était pas un démocrate modèle, mais l'accord conclu avec les Israéliens avait constitué une raison suffisante pour qu'il soit récompensé.»
Pas un concours de notoriété
Iltalehti se félicite que Greta Thunberg n'ait pas reçu le Nobel de la paix :
«En voulant récompenser Thunberg, l'Occident voulait s'envoyer lui-même des fleurs. Car nous avons tous participé à des manifestations pour la protection du climat, ou connaissons quelqu'un qui l'a fait. Nous avons tout au moins lu des articles sur le sujet dans la presse ou 'liké' des posts y afférents sur les réseaux sociaux. Liker sur les réseaux ne constitue toutefois pas une mesure de soutien de la paix. ... C'est donc une bonne chose que le Nobel de la paix ne soit pas un concours de notoriété, où celui dont on parle le plus sur les réseaux sociaux européens ou dans les médias en général a les meilleures chances de l'emporter.»