Une nouvelle usine Volkswagen dans les Balkans ?
Le constructeur automobile Volkswagen, qui entendait construire une nouvelle usine en Turquie, a gelé son projet. Raison invoquée par l'entreprise : l'offensive turque dans le nord de la Syrie. Si le groupe n'a pas indiqué officiellement qu'il cherchait un nouveau site, quelques pays se positionnent déjà. Si les médias bulgares et roumains courtisent ouvertement le groupe, on est plus circonspect en Croatie.
Tout le monde profiterait d'une usine en Bulgarie
Un investissement de Volkswagen serait une bénédiction pour la Bulgarie, mais aussi pour les contribuables européens, assure le portail news.bg :
«La Bulgarie est un 'bénéficiaire net' des subventions publiques européennes. Un investissement de cet ordre de grandeur apporterait un énorme bol d'air à l'économie bulgare et réduirait à moyen terme la nécessité pour l'UE de verser des fonds au pays. Pour les contribuables européens, cela constituerait donc un dégrèvement non négligeable. ... On estime qu'un investissement de Volkswagen en Bulgarie contribuerait à lui seul à accroître le PIB bulgare de trois points.»
Investisseurs, la Roumanie exaucera vos souhaits
Dans Ziarul Financiar, l'étudiant Marc Damian fait la promotion de son pays auprès de Volkswagen :
«Volkswagen, on te dira que la Roumanie n'a pas d'autoroutes et souffre d'un déficit de main d'œuvres. C'est peut-être le cas, dans une certaine mesure, à l'heure actuelle, mais entre le choix du lieu d'implantation et la construction de l'usine, trois à quatre années peuvent s'écouler. ... Un laps de temps au cours duquel 300 à 400 km d'autoroutes peuvent être construits. ... Dis-nous juste où l'autoroute doit être construite et nous la ferons. On construit des autoroutes aujourd'hui dont Ford et Renault ont contribué à déterminer le tracé. Et d'ici trois à quatre ans, 2 000 à 3 000 ouvriers spécialisés auront été formés pour le secteur automobile.»
Ne courtisons pas le travail à la chaîne
Le gouvernement ne devrait pas s'efforcer d'obtenir l'établissement de cette usine Volkswagen en Croatie, estime Večernji list :
«Lorsque des groupes internationaux construisent leurs usines dans des pays non développés ou en développement, ils le font dans l'optique de salaires et de coûts de production plus faibles, et ils n'assignent à ces usines que des tâches routinières à faible valeur ajoutée. Ils gardent pour eux les tâches à haute valeur ajoutée - recherche et développement des technologies, planification, marketing, distribution et prestations. La Croatie ne devrait pas se réjouir de cette perspective ou l'appeler de ses vœux simplement parce que les politiques au pouvoir n'ont pas de meilleure idée. Attirer et soutenir le développement du travail à la chaîne, même dans la construction automobile, cela serait indéniablement, même pour la Croatie, mener une politique industrielle inconvenante et populiste.»
Le devoir moral des entreprises aujourd'hui
Le fait que des considérations morales interviennent dans le choix du lieu d'implantation d'une entreprise est un phénomène nouveau, constate Handelsblatt :
«Il y aurait, du point de vue de l'entreprise, de nombreuses raisons à vouloir établir l'usine en Turquie. ... Il y a dix ans, une telle décision aurait probablement été prise lors d'une seule réunion du conseil d'administration. Aujourd'hui, les patrons doivent composer avec le fait que leurs stakeholders - clients, actionnaires, collaborateurs -, les médias et les réseaux sociaux attendent une prise de responsabilité morale de la part des responsables de direction. Il s'agit aussi parfois d'une simple question de timing, bon ou mauvais. Lorsque Mercedes avait ouvert une nouvelle usine en Russie en avril, personne ne s'en était ému. Aujourd'hui, avec la multiplication des critiques à l'encontre de la Turquie suite à son intervention militaire en Syrie, Volkswagen est tenue de réagir.»