L'Autriche débat d'un revenu universel
Une initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel se déroule en Autriche depuis lundi. Si 100 000 signatures sont recueillies dans les huit jours, le Parlement devra étudier la question. La proposition prévoit que tout citoyen autrichien reçoive 1200 euros par mois, le tout étant financé par une nouvelle taxe sur les transactions financières. Un pas vers une société plus juste ou une lubie complète ?
Dépasser l’antagonisme entre pauvres et riches
Pour l'économiste et philosophe Philip Kovce qui s'exprime dans Der Standard, ce projet permettrait de réparer la fracture sociale :
«Le revenu de base mettrait fin aux déséquilibres entre pauvres et riches, ouvriers et patrons, sécurité et liberté. Social puisque perçu par tout un chacun, il est également libéral, car attribué inconditionnellement. ... Cela fait des années déjà que nous observons les conséquences néfastes d'un renoncement à la sécurité et aux libertés offertes par un revenu universel : la 'Mindestsicherung' ou filet de sécurité minimale en Autriche, le système Hartz IV en Allemagne ou encore l'aide sociale en Suisse sont autant d'exemples d'un discours sociopolitique vicié par le néolibéralisme qui met en pièce nos sociétés insatiables vivant dans la surabondance.»
Vol au-dessus d'un nid de coucou
Die Presse trouve cette idée totalement illusoire et raille ses défenseurs diplômés :
«En ce moment ... une initiative populaire se penche sur l'introduction d'un revenu universel (quasi) inconditionnel de 1200 euros par mois, qui ne devrait pas nous inquiéter outre mesure s'il ne trouvait pas un écho retentissant jusque dans la sphère académique. Notamment en la personne d'un 'économiste et philosophe', enseignant, excusez du peu, au sein de deux universités. Dans un commentaire publié par le quotidien Der Standard, il déclare avec sérieux qu'il s'agirait d'un 'droit civique' car 'tous les petits boulots dépourvus d'intérêt effectués dans l'unique but de subsister' disparaîtraient. Monsieur le maître en économie n'a pas besoin d'éboueur pour ses déchets? Nous en sommes témoins : alors que certains travaillent d'arrache-pied pour élaborer des stratégies d'avenir qui tiennent debout, l'Autriche préfère échafauder un pays de Cocagne virtuel.»