Uber perd sa licence d'exploitation à Londres
En raison de défaillances qui mettraient en danger les usagers, l'autorité des transports de la capitale britannique a retiré lundi sa licence au groupe de VTC Uber. La société californienne a indiqué vouloir faire appel de la décision. Si certains commentateurs saluent une mesure responsable de la part des autorités, d'autres n'y voient que la résurgence d'un vieux monopole.
Une victoire du lobby des taxis
Philip Plickert, correspondant de Frankfurter Allgemeine Zeitung à Londres, juge la décision déplorable :
«Les véhicules Uber sont plus modernes que les traditionnels taxis noirs londoniens. Et les prix d'Uber étaient nettement inférieurs à ceux des 'black cabs', qui ont de facto bénéficié d'un monopole pendant des années. Dans de nombreux pays, les taxis officiels pratiquent des tarifs prohibitifs, ce qui explique qu'Uber ait pu se développer aussi vite sur le marché. Ce nouveau concurrent est certes en partie responsable, de par ses manquements, de ce coup de frein londonien, mais celui-ci est aussi le fait des représentants du traditionnel lobby des taxis. Ceux-ci affirment défendre la sécurité des clients, alors qu'ils s'efforcent en réalité de retrouver la sécurité de leur monopole de jadis.»
Une régulation digne de ce nom
New Statesman ne peut comprendre que l'on critique cette décision :
«Les éditorialistes de droite se plaignent et affirment que le maire de Londres, Sadiq Khan, honnit l'entreprenariat, que Londres est devenue hostile au business, ainsi que tout un tas d'autres sornettes agaçantes. Désolé, mais c'est du grand n'importe quoi, car cette décision est l'illustration même d'une régulation digne de ce nom. Comme l'opérateur ne présente pas des garanties de sécurité satisfaisantes, le régulateur lui a retiré sa licence. Si l'opérateur améliore ses services, il pourra récupérer sa licence. Bravo ! Si l'opérateur ne s'améliore pas, autant nous passer de ses services. Excellent ! Dans les deux cas, le consommateur ressort gagnant. Cette décision ne procède absolument pas d'une posture 'anti-business' ; mais, au contraire, d'une posture opposée au 'mauvais business'.»
L'entreprise doit remédier à ses carences
La question porte surtout sur les modalités opératives d'Uber, assure El Mundo :
«Uber assure le transport de 3,5 millions de passagers par le biais de 45 000 conducteurs et l'utilité de l'entreprise est indéniable. Mais de la même façon que l'entreprise a le droit de proposer ses services, elle est aussi tenue de remédier aux problèmes liés à son mode de fonctionnement, ce qu'elle a omis de faire jusqu'à présent. Pour récupérer sa licence, il faudra qu'elle corrige son cap actuel ; ce qui lui permettra par ailleurs d'éviter de la perdre dans d'autres villes.»