Un joueur accusé d'être un nazi, le match suspendu
Les arbitres du match Rayo Vallecano-Albacete, comptant pour la 20e journée de Segunda division, ont décidé de suspendre la partie - une première dans l'histoire du football espagnol. Les supporters avaient lancé des slogans hostiles au joueur ukrainien Roman Zozulya, qu'ils accusent d'être lié à des groupes néonazis. Les autorités espagnoles appliquent-t-elles deux poids deux mesures face aux agissements des fans ?
Sanctionner aussi le racisme
Les actions de supporteurs d'extrême gauche ne doivent pas être plus durement sanctionnées que les postures racistes et haineuses, bien plus fréquentes, venant des hooligans d'extrême droite, déplore El Periódico de Catalunya :
«Dans le passé récent, il y a souvent eu des attaques qui auraient dû être sanctionnées de la même façon, en vertu de la loi sur le sport de 2007 : du racisme ou de la xénophobie (contre Emmanuel Amunike, Samuel Eto'o ou Iñaki Williams, pour ne nommer que quelques joueurs noirs) à l'intolérance (vis-à-vis de Gerard Piqué ou Lionel Messi) en passant par les comportements misogynes ou les appels à la violence. ... L'incident du week-end dernier devrait tenir lieu de précédent : il y a eu par le passé des actes nettement plus graves, qui ont été au moins tout aussi inacceptables que ceux de Vallecas, sans qu'il n'y ait pour autant de réaction stricte. Il est tout bonnement injustifié et inacceptable de faire preuve de tels doubles standards.»
La direction du club voulait écarter les fans 'gênants'
Le Courrier déplore une véritable hypocrisie dans la décision d'interrompre la partie :
«Les dizaines de footballeurs de couleur jouant chaque week-end en Espagne sous les cris de singes des 'supporters', sans que jamais un match n'ait été stoppé, apprécieront à sa juste mesure le plaidoyer fédératif. Dommage que ces belles paroles n'aient jamais été appliquées aux chants ouvertement racistes, aux drapeaux fascisants, aux insultes homophobes et aux banderoles sexistes, qui polluent régulièrement les stades espagnols. L'affaire a bien évidemment un fond politique et financier. Pour le propriétaire du club, Raúl Martín Presa, favorable à l'arrêt du match, l'occasion est belle de discréditer ses encombrants supporters qui résistent depuis des années à la transformation de leur Rayo Vallecano en un juteux business.»
Un stade n'est pas un cirque romain
ABC préconise de généraliser ce type d'actions :
«Le strict respect des normes, l'application rigoureuse des sanctions prévues contre les slogans haineux et réitérés des groupes de supporteurs, et le travail de fond en vue d'identifier et de bannir des stades les éléments perturbateurs pourraient fortement contribuer à mettre fin à ces pratiques déplorables. Il existe encore des individus qui pensent se rendre à des sortes de jeux du cirque, où ils auraient toute latitude de blesser les protagonistes du spectacle dans leur dignité et leurs droits humains.»