Primaires dans l'Iowa : le raté des démocrates
Après des dysfonctionnements techniques qui ont retardé le décompte des voix, les premiers résultats des primaires démocrates dans l'Etat américain de l'Iowa ont été publiés. Pete Buttigieg devancerait Bernie Sanders d'une courte tête. La décision a été prise à l'issue de centaines de rassemblements démocrates, pour certains extrêmement restreints. Si certains journalistes s'attardent sur un incident qu'ils jugent inadmissible, d'autres en relativisent l'importance, se focalisant sur d'autres enjeux.
Un dilettantisme risible
Kurier évoque un faux-départ déplorable :
«Les démocrates se sont lancés dans la course à la présidentielle de la manière la plus tragicomique possible. Alors que ce vote n'opposait que des démocrates entre eux (l'ouverture de leur primaire), ils ont réussi à se tirer une balle dans le pied. Le décompte s'est terminé dans le chaos le plus total et a pris du retard, d'heure en heure. Le résultat apparaît tout à fait secondaire. L'opposition qui entend chasser Donald Trump de la Maison-Blanche a essuyé son premier revers et s'est couverte de ridicule. Car si elle s'avère incapable d'organiser des primaires, comment pourrait-elle diriger le pays ?»
Une bévue sans pareille pour les démocrates
Le chaos illustre l'absurdité d'un processus électoral archaïque, déplore Massimo Gaggi, correspondant de Corriere della Sera à Washington :
«La procédure n'a jamais été réformée, pour préserver la patine historique qui permet jusqu'à aujourd'hui à cet Etat perdu au fin fond de la Prairie américaine de jouer un rôle central dans les présidentielles américaines. Une procédure lourde et lente que l'organisation du parti endormie a flanqué sans discernement de différentes technologies, sans les avoir suffisamment testées. Le Parti démocrate est connu pour ses bévues organisationnelles, mais ce qui s'est produit dans l'Iowa surpasse tout ce que l'on aurait pu imaginer.»
Sanders n'est pas un adversaire à la hauteur
Aftonbladet s'intéresse non pas au chaos des primaires dans l'Iowa, mais aux chances des différents candidats :
«Bernie Sanders est un homme blanc de 78 ans dont l'agenda politique n'est guère viable. En effet, son programme affecterait notamment l'industrie pétrolière et le patronat, de puissantes forces qui s'acharneraient contre lui. En outre, il est à des années lumières de certaines mentalités propres à ces Américains moyens qui ont hissé Trump à la présidence aux dernières élections. On discerne donc mal comment Sanders pourrait sérieusement défier Trump. Joe Biden apparaît ainsi comme le choix le plus raisonnable pour affronter Trump.»
Pete Buttigieg vaut mieux que Biden
Pour Gazeta Wyborcza en revanche, Pete Buttigieg est le candidat le plus prometteur :
«Il a mobilisé presque tous les effectifs de son équipe de campagne pour les primaires dans l'Iowa : il a rassemblé une armée de bénévoles et a passé des mois à sillonner l'Etat. S'il n'avait pas obtenu un bon résultat ici, ses chances de finir candidat auraient été nettement moindres. Le vote a voulu qu'il devienne l'alternative modérée à Joe Biden, lequel a enregistré un score étonnamment faible. Buttigieg présente beaucoup d'avantages. C'est un orateur de talent, il a la perspicacité d'aller à l'essentiel et il a une excellente formation (il est diplômé de Harvard et d'Oxford). Tandis que les Américains libéraux aiment l'idée d'avoir un président qui ne cache pas son homosexualité, les conservateurs apprécient qu'il ait combattu en Afghanistan.»
Trump exulte
Le président américain Donald Trump se frotte les mains, constate De Standaard :
«Pour vaincre Trump aux élections de novembre, les démocrates ont besoin de dynamisme, d'enthousiasme et d'une participation électorale élevée. Nous ne sommes encore qu'en février. Mais après la débâcle des démocrates en Iowa, le président ne se sent pas sérieusement défié. Au contraire, il a enfoncé le clou hier soir en tenant son discours sur l'état de la nation. ... On se doutait, en cette année électorale, qu'il mettrait cette allocution au service de sa campagne électorale. Il l'a intitulée 'le grand retour américain'. Suivi aujourd'hui d'un autre moment de triomphe pour Trump : le vote au Sénat, qui marquera l'échec de sa destitution.»