Allemagne : l'interdiction du suicide organisé retoquée
La Cour constitutionnelle allemande a déclaré inconstitutionnelle l'interdiction du suicide organisé, au motif qu'il privait les patients du droit de choisir leur mort. La loi adoptée en 2015 exempte de poursuites les proches assistant au suicide un malade en fin de vie ; les membres d'association d'aide au suicide et les médecins, en revanche, s'exposaient à des peines de prison. La presse réserve un accueil positif à la décision des juges.
Un tabou enfin brisé
Le verdict sera un soulagement en tout premier lieu pour les familles, souligne Zeit Online :
«Car tout le poids de la responsabilité reposait sur leurs épaules. ... Ils étaient les seuls à pouvoir aider à un suicide sans s'exposer à des peines. C'est à eux qu'il incombait de préparer un cocktail médicamenteux létal pour leur partenaire gravement malade ou leur mère qui, condamnée, souhaitait mettre un terme à ses souffrances au lieu de poursuivre une existence n'ayant plus de sens à ses yeux. C'est à eux qu'il incombait de préparer la seringue pour leur frère ou de tendre la pilule mortelle à leur fille - ou de ne pas le faire. ... A présent, les médecins spécialisés en soins palliatifs et les patients peuvent à nouveau parler ouvertement, le sujet n'est plus tabou. Mais dans un dialogue en toute franchise, les médecins peuvent aussi indiquer des alternatives, tant qu'il en existe. Et le suicide assisté peut ainsi rester le tout dernier recours.»
Oui au libre arbitre, mais aussi au droit de douter
Wiener Zeitung voit dans ce verdict la marque de l'individualisme libéral :
«Il est logique de vouloir décider de sa mort après avoir décidé de sa vie. C'est une conviction en phase avec notre époque. L'idée que la vie puisse être un cadeau auquel on ne renonce pas, par principe, relève d'une autre époque. A chacun de décider individuellement si c'est mieux aujourd'hui par rapport à avant. A cet égard aussi, ce verdict est une nouvelle victoire de l'individualisme libéral, où chacun mesure tout à l'aune de sa propre volonté. C'est à cette façon de penser que nous devons l'étendue de notre libre-arbitre individuel et collectif. Inversement, rien ne nous oblige à accueillir cette liberté avec des cris de joie. Car il nous faut encore explorer où nous mènera cette nouvelle liberté. Quand on voit ce que l'humanité a réussi à faire avec le vivant jusqu'ici, le scepticisme est tout à fait légitime.»