L'épidémie de Covid-19 utilisée contre les migrants ?
Par peur d'une propagation du coronavirus, l'Italie a refusé au dernier moment, fin février, d'accueillir sur son sol des réfugiés provenant du Niger. Le ministre allemand de l'Intérieur a par ailleurs déclaré que chaque mois, environ 10.000 personnes ayant transité par des pays "problématiques" comme l'Iran entraient en Allemagne. Les commentateurs appellent à ne pas faire l'amalgame entre deux dossiers distincts : celui du coronavirus et celui des migrants.
Déjouer toute récupération des crises
Le seul moyen de combattre l'instrumentalisation des crises - coronavirus et réfugiés - est de garder la tête froide, insiste Le Vif/L'Express :
«Les ennemis de la démocratie l'ont bien compris, eux qui appellent aux fermetures de frontières ou qui véhiculent une haine faisant déjà des morts dans nos pays. Si ces crises doivent être gérées et les éventuels manquements des politiques contestés, à nous de raison garder. En ne cédant pas à la panique, en faisant la part des choses, en serrant les coudes dans le calme et en acceptant aussi que le risque zéro n'existe pas. Et à côté de cela, faisons preuve d'inventivité, de créativité, inventons des remèdes, organisons-nous pour préparer de meilleurs lendemains. En un mot comme en cent : vivons.»
Quand la peur détermine le résultat des urnes
La concomitance des thématiques du coronavirus et des réfugiés pourrait avoir des retombées politiques très concrètes en Pologne, redoute Rzeczpospolita :
«Ce qui compte, ce sont les émotions - et non les statistiques ou les données irréfutables. Les gens ont peur et les politiques réagissent à cette peur. Par conséquent, la peur irrationnelle détermine qui sera élu président de la République de Pologne en mai. Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire récente du pays que la peur d'une menace quasi-inexistante porte préjudice aux forces au pouvoir. ... Les rôles ont changé : aujourd'hui, c'est l'opposition qui attaque le parti au pouvoir (le PiS) et le président Andrzej Duda pour sa faiblesse et son incapacité à contenir un virus capable - si l'on croit ce qui se dit - de nous décimer.»
Orbán peut se faire du souci
La Hongrie, qui ne laisse plus passer aucun réfugié dans les zones de transit à la frontière serbo-hongroise, pourrait ressentir les conséquences de ces deux problématiques, estime Népszava :
«Le gouvernement hongrois est en difficulté. Ce n'est pas un hasard si le chef de gouvernement sollicite la confiance. Cette confiance pourrait s'évaporer en un instant - pour autant qu'elle lui ait jamais été accordée. ... Le gouvernement a de quoi trembler, car ni la clôture frontalière, ni le système de santé, ni sa politique médiatique ne permettront de faire face au double challenge d'une vague de réfugiés et d'une épidémie de coronavirus.»