Les camps de réfugiés grecs menacés par le virus
Aucun cas de contagion par le Covid-19 n'a encore été enregistré dans les camps de rétention des îles grecques de l'est de l'Egée. Les camps sont néanmoins soumis aux mesures de confinement. De plus, il est prévu de mettre en place des centres de santé pour pouvoir réagir en cas de contamination. Les ONG demandent pour leur part l'évacuation des camps - une requête que soutiennent les éditorialistes.
Seuls les Grecs ont accès à la santé
Les mesures du gouvernement grec sont insuffisantes et la vie des réfugiés est en jeu, s'indigne Efimerida ton Syntakton :
«Le gouvernement grec semble vouloir appliquer la doctrine 'la santé seulement pour les Grecs', abandonnant les réfugiés dans des camps saturés, sans accès aux mesures d'hygiène les plus élémentaires - ni antiseptiques, ni savon, ni eau. ... La politique du gouvernement vis-à-vis des réfugiés table sur le concept, déjà tristement célèbre, d''immunité collective' - laisser les plus vulnérables mourir et les plus résilients survivre. En outre, depuis le changement de gouvernement [en juillet 2019], les demandeurs d'asile n'ont plus accès au système de santé, la 'carte' qui a soi-disant remplacé l'immatriculation à la sécurité sociale n'ayant, dans les faits, jamais vu le jour. »
Empêcher une catastrophe humanitaire
Frankfurter Rundschau déplore que le serment d'Hippocrate ne semble pas valoir pour les personnes détenues sur les îles de l'Egée :
«Des dizaines de milliers de réfugiés sont toujours entassés dans des tentes, sans accès réel aux soins médicaux. Exposés au virus, ils seraient totalement impuissants - et un cas a déjà été signalé à Lesbos. Les appels demandant l'évacuation des camps, ou, au moins, de les adapter aux normes internationales, n'ont pas été entendus, et l'on est encore loin d'une solution politique au niveau européen. Or si les derniers jours nous ont appris une chose, c'est bien qu'avec la crise, des choses qui semblaient impensables devenaient possibles. Cela doit aussi valoir pour les camps de l'Egée. Il n'y a pas que l'argument humanitaire : la catastrophe médicale qui s'y profile affecterait également les Grecs.»
Lesbos risque de devenir un hotspot du coronavirus
Il ne faut pas oublier, dans le contexte actuel, les demandeurs d'asile bloqués à la périphérie de l'UE, fait valoir Der Standard :
«A Lesbos, ce n'est qu'une question de temps avant que le coronavirus ne se répande comme une traînée de poudre parmi les détenus du camps, qui sont entassés les uns sur les autres dans des conditions d'hygiène scandaleuses. Les autorités grecques ont décrété une sorte de quarantaine - même les organisations humanitaires n'ont pas le droit de rentrer dans le camp. Médecins sans frontières affirme que compte tenu du fait qu'il n'y a en moyenne qu'un accès en eau pour 1 300 personnes et que six personnes dorment dans une petite tente en plastique, il est impossible pour les réfugiés de se laver les mains ou de respecter des mesures de distanciation sociale. Lesbos risque de devenir un nouveau, terrible hotspot du coronavirus. Si les milliards affluent désormais, de manière justifiée, en Europe, alors on pourra bien trouver quelques millions pour tirer les enfants de ce camp et construire de nouveaux camps, plus petits et plus adaptés.»
Ne pas détourner le regard
La crise du coronavirus complique un peu plus la situation des réfugiés, prévient Der Nordschleswiger :
« Le virus atteindra également, tôt ou tard, les camps situés aux frontières extérieures de l'Europe, par exemple dans les Etats du Maghreb. En raison de l'épidémie, plusieurs projets d'aide ont déjà été suspendus. ... Il faut espérer que le virus s'arrêtera aux portes de ces camps. Qu'il ne faudra pas attendre des victimes humaines, une vague de décès, pour comprendre que nous faisons partie de la communauté mondiale et qu'à ce titre, nous avons la responsabilités de créer une politique migratoire européenne qui soit enfin solidaire et durable, et qui ne repose pas sur la devise 'Ce qu'on ne voit pas ne nous concerne pas'. Quelle que soit notre sensibilité politique et l'ampleur de nos propres difficultés, nous n'avons pas le droit de détourner le regard aujourd'hui.»
Une épidémie en Syrie n'est qu'une question de temps
Keskisuomalainen craint que le virus, une fois qu'il aura atteint le pays dévasté par la guerre et miné par l'exode, se propagera très rapidement :
«Après des années de combats, le système de santé de la région est déjà moribond ; il est donc confronté aujourd'hui à une menace supplémentaire, celle du coronavirus. L'OMS estime que seule la moitié des prestations de santé sont garanties dans le pays. Les réfugiés ne sont pas organisés, ils ne disposent pas de gouvernement ni d'autorités représentatives. L'Iran, l'un des foyers les plus importants du coronavirus, est si fortement présent militairement en Syrie que ce n'est qu'une question de temps avant que le virus ne touche également les réfugiés de guerre.»