Vers une interdiction de l'avortement en Pologne ?
Le Parlement polonais débat ce mercredi d'une loi censée interdire l'IVG, mais aussi les cours d'éducation sexuelle à l'école. Les organisations de défense des droits humains fustigent l'initiative gouvernementale, notamment parce qu'en raison du confinement, toute manifestation contre le projet est impossible. La contestation trouve d'autres vecteurs : affiches, vitres des voitures et fenêtres. Les éditorialistes se joignent à cette mobilisation citoyenne.
Un Kaczyński plus impudent que jamais
Le leader du PiS, Jarosław Kaczyński, ne recule devant rien, s'indigne Gazeta Wyborcza :
«Kaczyński semble trouver nécessaire de s'arroger le contrôle des femmes et de leur procréation, et de faire d'elles des instruments de la gloire nationale, afin qu'il puisse devenir le souverain d'une Pologne indépendante - isolée de l’Europe. Rien de bien surprenant donc qu'il importe tant au gouvernement de criminaliser l'IVG et de priver les femmes de leur droit de décision. C'est pourquoi il soulève le sujet au plus fort de la pandémie. ... Le 'génie' politique de Kaczyński est de savoir faire feu de tout bois : de la mort, de la santé, de la vie - et même du statut de la femme.»
Ce n'est qu'un début
L'interdiction de l'avortement n'est qu'un point parmi de nombreux autres figurant sur l'agenda des lobbies ultraconservateurs, commente l'auteure Klementyna Suchanow dans Polityka Krytyczna :
«La stratégie est la suivante. D'abord, on lance ici et là de petites provocations pour prendre la température et voir jusqu'où on peut aller. Il ressort de documents d'Agenda Europe, un groupe de lobbyistes fondamentalistes désireux de modifier la législation des pays européens, que l'interdiction du divorce est un autre de leurs objectifs. Autres revendications sur leurs tablettes : interdiction de l'IVG, de la contraception, retrait des droits aux personnes LGBT+. Je suis certaine en tout cas que la question du divorce sera bientôt mise sur la table.»