La fête nationale italienne à l'heure du coronavirus
Le 2 juin, l'Italie célèbre la Festa della Repubblica, qui commémore le référendum des 2 et 3 juin 1946. Les Italiens s'étaient alors majoritairement déclarés favorables à l'établissement de la république et à la suppression de la monarchie. Comment commémorer cette journée sur fond de pandémie ?
Un sursaut de la communauté nationale
Dans La Repubblica, le chroniqueur Ezio Mauro estime que l'Italie peut marquer ce jour de fête dans la fierté :
«On comprend qu'il y ait peu de célébrations républicaines aujourd'hui. ... Les citoyens, dissimulés derrière des masques, se demandent avec crainte et incertitude quand s'achèvera un cauchemar qui dure depuis des mois et quand ils retrouveront leur liberté. Mais si l'on fait le bilan, une chose est sûre : si le pays a pu jouer son rôle malheureux de pionnier occidental de la pandémie, il le doit essentiellement à une cohésion sociale inattendue en cette période d'insubordination et d'inégalité, et à un sens spontané de la communauté qui a miraculeusement survécu à la prédication d'un égoïsme national sélectif et exclusif.»
La république a besoin de citoyens épris de liberté
Pour le philosophe Massimo Cacciari dans La Stampa, ce sont les citoyens qui constituent le tissu républicain :
«Etre responsable, cela signifie être dans un rapport de réciprocité, de considérer l''être en relation' comme un facteur essentiel de notre propre identité. ... Pas de république sans citoyens. ... Si l'on dispose de gouvernements qui légifèrent de manière irrationnelle, de gouvernements-patrons, de gouvernements-pères, ou encore de pseudo-républiques oligarchiques-autoritaires, si telle est la dérive qui se produit devant nos yeux, alors nous ne pouvons en être les complices. La république démocratique est certainement le régime le plus proche de la liberté, mais il a besoin de sujets qui se veulent libres, qui réagissent à l'autre tendance de notre nature, celle qui, par inertie, par paresse et par lâcheté, nous pousse à la servitude dans l'ombre du pouvoir. C'est une lutte en nous-mêmes, que nous devons mener chaque jour.»