Coronavirus : quid des plans de relance économique ?
Lors de leur visioconférence mardi, les ministre des Finances des pays de l'UE ne sont pas parvenus à régler leur litige sur les fonds de relance européens. L'Office statistique européen, Eurostat, a indiqué de son côté que l'effondrement du PIB de la zone euro avait été moins marqué que prévu au cours du premier trimestre 2020. Les éditorialistes se tournent vers l'avenir et avancent des propositions pour relancer l'économie.
Economie et voyance
La période que nous traversons est trop aléatoire pour que l'on puisse conjecturer sur l'évolution de l'économie, explique Neue Zürcher Zeitung :
«John Kenneth Galbraith a un jour déclaré que la seule fonction des prévisions économiques était de faire apparaître l'astrologie sous un jour respectable. La formule s'est rarement aussi bien vérifiée que ces derniers temps. L'incertitude économique est telle que les visions d'avenir ressemblent fort à des spéculations. ... Selon l'OCDE, il faudra attendre longtemps avant que l'économie ne retrouve son niveau d'avant la crise. ... Si donc prévisions économiques et astrologie sont apparentées, l'horoscope est bien ténébreux. Il ne reste plus qu'à espérer que la fiabilité des économistes soit aussi mauvaise que celle des devins.»
Les bons d'achat plus efficaces que les aides financières
Dans the Irish Independent, l'économiste et prix nobel Joseph Stiglitz conseille aux gouvernements européens de suivre l'exemple des administrations locales chinoises pour stimuler la croissance :
«La majeure partie de l'argent que les ménages et les entreprises perçoivent pour relancer la demande atterrira probablement sur leur compte en banque, en raison de l'angoisse ambiante et de la réduction des possibilités d'achat. ... Les gouvernements devraient songer à émettre des bons d'achat pour aiguillonner la consommation des ménages. C'est ce qui se passe en Chine, où 50 municipalités délivrent des coupons numériques à valeur limitée dans le temps permettant d'acheter des marchandises et des services.»
La concurrence loyale plutôt que le subventionnement
Sur le site de la radio publique Eesti Rahvusringhääling, Aivar Hundimägi, rédacteur du journal économique Äripäev, met en garde les entreprises contre le risque d'effet d'accoutumance aux aides de l'Etat :
«On entend beaucoup d'entrepreneurs estoniens réclamer des aides de l'Etat. Mais alors que les subventions pleuvent, il faut garder la tête froide et veiller à les utiliser à bon escient. ... L'économie a besoin non pas de subventions, mais d'égalité des chances, de concurrence loyale et d'investissements du secteur public, dont les adjudications doivent être accessibles à tous. Dans le pire scénario, les aides directes aux entreprises risquent d'entraver la reprise économique, galvauder les ressources pourtant limitées en se trompant d'objectifs, fausser la concurrence et priver l'économie de marché de ce qui fait sa vitalité.»
Même les optimistes sont surpris
Le journal régional Aargauer Zeitung se montre confiant quant à la reprise :
«La crise est loin d'être surmontée. En l'absence de vaccin, les personnes et l'économie resteront vulnérables. Dans de nombreux secteurs, la fin des périodes de chômage partiel pourrait se solder par des licenciements. Et que se passera-t-il quand l'effet des injections financières pratiquées par les Etats et les banques centrales s'estompera ? Le péril reste considérable. Force est de constater toutefois que le retour à l'activité est plus rapide et plus marqué que ce qu'auraient présagé les observateurs les plus optimistes il y a quelques semaines. Si la récession amorcée a été d'une virulence sans précédent, il se pourrait que l'efficacité de la gestion de crise revête une dimension tout aussi inédite.»
Un capital humain à préserver
Des études menées auprès d'entreprises tchèques montrent que celles-ci ont tiré les enseignements des crises précédentes, pointe Hospodářské noviny :
«Les milieux d'affaires tchèques ont appris la leçon de la crise précédente et n'ont pas oublié la période économique subséquente, qui avait entraîné une forte pénurie de main d'œuvre qualifiée. ... Aujourd'hui, ils apprécient à leur juste valeur l'expérience de leurs employés ; les licenciements devraient être limités. ... Le maintien d'équipes clés constitue un avantage concurrentiel, et pour que cela soit possible, des aides publiques sont indispensables. Des taux d'intérêt extrêmement bas, qui rendent l'endettement des consommateurs et des entreprises plus supportable, jouent également un rôle majeur. Les producteurs qui préserveront leur 'force vive' et leur 'matière grise' pendant la crise seront en position favorable.»
Saisir la balle au bond
Les collectivités territoriales lituaniennes devraient saisir l'opportunité générée par la crise du coronavirus, préconise Greta Ilekytė, experte économique auprès de la filiale lituanienne de l'établissement Swedbank, dans Verslo žinios :
«Cela peut sembler paradoxal, mais la crise actuelle constitue une opportunité unique pour de nombreuses régions. Avec pour toile de fond un scepticisme croissant vis-à-vis de la mondialisation et la volonté de simplifier le plus possible les chaînes d'approvisionnement, de nombreuses entreprises européennes choisiront de relocaliser leur production sur le continent. La Lituanie, où les salaires restent inférieurs à ceux de la moyenne en Europe occidentale, pourrait être courtisée par les investisseurs. Mais pour favoriser ce processus, il faut que l'Etat mène une action énergique auprès des investisseurs et leur garantissent de meilleures conditions. ... Sur ce plan, le rôle des collectivités territoriales et des acteurs politiques et économiques locaux s'avère tout aussi important - de même que leur enthousiasme et leur esprit d'initiative.»