Tchéquie : le Premier ministre à nouveau dans le viseur de l'UE
Le Parlement européen a de nouveau reproché au Premier ministre tchèque, le multimilliardaire Andrej Babiš, d'être pris dans des conflits d'intérêts. Le groupe Agrofert, dont il était propriétaire et avec lequel il continue d'entretenir des liens étroits, serait le premier bénéficiaire des fonds européens en Tchéquie. Or tout acteur politique participant à l'octroi de ces fonds ne peut en bénéficier en tant qu'entrepreneur. La question préoccupe les éditorialistes, tchèques et européens.
Babiš le boulet
L'hebdomadaire Respekt comprend les critiques de l'UE :
«Si la position de Babiš reste quasi intacte en Tchéquie, d'autres règles prévalent à Bruxelles. Le Premier ministre avait au départ été perçu comme un néophyte et un homme d'affaire intéressant et sûr de lui, qui parlait couramment plusieurs langues européennes. Il s'est vite avéré néanmoins qu'il n'y avait pas de socle de valeurs communes sur laquelle d'autres leaders, notamment ceux du groupe libéral (ALDE) - auquel appartient le parti ANO de Babiš et avec lequel le Premier ministre, après les Etats de Visegrad, communique le plus - pouvaient bâtir une alliance politique. ... Les relations entre Babiš et l'UE ne cessent de se dégrader.»
Aussi un problème pour la Slovaquie
La Slovaquie devrait elle aussi se pencher plus avant sur l'affaire Babiš, fait valoir Sme :
«Les Slovaques contribuent également à ces subventions, et donc, aux gains réalisés par Babiš. Le système oligarchique en Tchéquie - un pays clé pour la Slovaquie - fausse la démocratie, menace l'équité de la concurrence politique et met à mal la liberté des médias. La démocratie oligarchique de Babiš est différente de la démocratie illibérale de la Hongrie d'Orbán ou du système nationaliste-autoritaire de Kaczyński en Pologne, mais elle est tout aussi dangereuse. Ces dernières années, la Slovaquie est devenue un îlot de démocratie libérale, menacé de toutes parts par un raz-de-marée autoritariste.»