Passé colonialiste : les regrets du roi des Belges
A l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo, le roi des Belges, Philippe, a adressé une lettre au président du pays, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il y exprime ses regrets quant aux violences et aux brutalités dont la Belgique s'est rendue coupable lors de la période coloniale belge, ainsi qu'aux discriminations qui perdurent à ce jour. Si la presse européenne salue le geste, elle rappelle qu'il ne peut être qu'une amorce.
Philippe a trouvé les mots justes
Le Soir pense que la lettre aura un effet :
«Trois éléments donnent à cette lettre royale une force très particulière. Primo, le Roi assume le premier la responsabilité de 'sa' famille régnante : c'est lui, le descendant et l'héritier de Léopold II qui prend les devants. Secundo, il n'a pas attendu d'y être forcé par la Commission 'vérité et réconciliation' : il reconnaît ainsi que les faits sont établis, sans besoin d'un défilé d'experts pour l'en convaincre ou l'y contraindre. Tertio, dans sa lettre au président Tshisekedi, il fait de ses regrets une nécessité pour gérer l'autre héritage de ce passé colonial : les discriminations et le racisme qui hantent le présent. L'occasion de réaffirmer la hiérarchie des valeurs de son pays, aujourd'hui, et sa volonté d'en être le serviteur. Car c'est là qu'est l'urgence désormais.»
Les excuses ne nous avancent pas beaucoup
Cette lettre est un premier pas, qui devra être suivi d'autres, souligne De Standaard :
«Sans vouloir minimiser la portée historique des regrets exprimés par le roi Philippe, la population congolaise n'en est guère plus avancée, et la Belgique ne gagne pas davantage de poids dans le jeu diplomatique. Une cleptocratie coopère avec le meilleur offrant, en l'occurrence les Chinois. ... Investir dans le capital humain, c'est aussi réserver un meilleur accueil aux enfants de la diaspora congolaise en Belgique. En effet, en dépit d'un niveau d'instruction supérieur, ils restent plus durement discriminés que d'autres minorités. Si ce pays veut sincèrement aider le Congo, qu'il s'occupe des Belges d'origine congolaise.»
Emportés dans le tourbillon du passé
La Belgique n'a pas su tisser de bonnes relations avec son ancienne colonie, estime Die Presse :
«Il y a 60 ans jour pour jour, la République démocratique du Congo accédait à son indépendance, mettant fin à un peu moins de quatre-vingts ans de domination belge. ... Le pays n'a pas réussi à mettre en place des relations avec Kinshasa qui soient à la fois profitables et respectueuses. Ceux qui s'en mettent plein les poches au Congo, ce sont les Chinois et les Américains. Engageant sur le tard un travail de mémoire sur leur passé, les Belges oublient de réfléchir aux moyens de bâtir un avenir avec les Congolais qui puisse profiter aux deux parties.»