Macédoine du Nord : les sociaux-démocrates élus de justesse
Avec près de 36 pour cent des voix, l'alliance social-démocrate sous Zoran Zaev a remporté sur le fil les législatives en Macédoine du Nord. Le parti national-conservateur VRMO a quant à lui obtenu un score d'environ 34,5 pour cent. Zaev avait démissionné en janvier de sa fonction de Premier ministre, après que le Conseil européen avait a nouveau repoussé la date de pourparlers d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie.
Un moindre mal
Le mal que Zoran Zaev a pu infliger au pays est plus facile à accepter pour les électeurs que d'autres dysfonctionnements du pays, écrit Népszava :
«Zaev a tout misé sur une seule carte en résolvant le conflit entre la Grèce et la Macédoine à propos du nom du pays. ... Il a obtenu l'adhésion à l'OTAN, mais les chances d'adhésion à l'UE se sont réduites à peau de chagrin. ... Zaev a néanmoins remporté l'élection. De nombreux Macédoniens ont souffert de l'ajout du mot 'Nord' au nom officiel de leur pays. ... Mais les résultats des élections montrent que beaucoup considèrent cela comme un moindre mal par rapport au démantèlement de l'État de droit et à la violation des droits de l'homme fondamentaux, en d'autres termes par rapport aux maux que Gruevski [le prédécesseur de Zoran Zaev] qui bénéficie actuellement de l'hospitalité de Budapest, a infligés au pays lors de son mandat de dix ans.»
Adhésion à l'UE : une promesse difficile à tenir
Zoran Zaev va surtout s'occuper de la politique étrangère, écrit Delo :
«L'impérialisme culturel bulgare sera la tâche la plus difficile à laquelle va se heurter Zaev, alors que Sofia ne cesse de contester que le macédonien soit une langue à part entière. Skopje craint, à juste titre, que Sofia n'oppose un droit de veto dans les négociations de l'UE, comme l'a fait Athènes auparavant. L'accord global entre Belgrade et Priština pourrait également changer la donne s'il prévoyait de nouvelles frontières. Ce n'est pas encore totalement exclu. ... [Aucune solution] n'est possible sans l'approbation de Washington, et Moscou et Pékin pourraient également bloquer son adoption au Conseil de sécurité de l'ONU. Les États-Unis ne sont pas opposés à l'idée d'un échange territorial, et la Russie n'abandonnera pas facilement son influence en Serbie et dans les Balkans. Quant aux Albanais du nord de la Macédoine, ils n'ont pas encore dit leur dernier mot.»
Offrir une perspective digne de ce nom
Süddeutsche Zeitung espère que l'UE saura profiter de cette dynamique :
«Pour certains responsables de la politique extérieure, le rôle des Balkans se limite à contenir les réfugiés et à fournir de la main d'œuvre aux maisons de retraite et aux abattoirs. Cette indifférence est aussi indigne que délétère. Les jeunes qui manifestent actuellement dans la capitale serbe de Belgrade pour dénoncer les répressions de leur gouvernement implorent l'aide de Bruxelles. Tout comme ceux qui dénoncent la corruption à Sofia. La Bulgarie montre que ce fut une erreur que d'accepter à la hâte l'adhésion à l'UE de pays, sans s'assurer au préalable de la mise en place d'un Etat de droit digne de ce nom. Or ce serait également une erreur de ne pas offrir de perspectives aux pays des Balkans occidentaux où les citoyens espèrent obtenir l'aide de l'Europe, ce qui reviendrait à ne pas les inciter à mettre en place l'Etat de droit.»