Données de connexion : la CJUE conforte les droits des citoyens
Les Etats n'ont pas le droit d'obliger les opérateurs de télécoms à collecter massivement les données de connexion et de localisation. C'est ce qu'a estimé mardi la Cour de justice de l'UE (CJUE). Des exceptions restent possibles, en cas de lutte contre des crimes graves ou de menace pour la sécurité nationale. Les éditorialistes saluent le verdict sur une question qui fait débat, depuis plusieurs années, dans de nombreux pays européens.
Un bon compromis
Le quotidien taz estime que la CJUE a fait des concessions sur les bons points :
«Elle maintient fermement son 'non' à l'enregistrement des données relatives aux appels téléphoniques et aux SMS, mais aussi des données de localisation des téléphones portables. La loi allemande devra donc être considérablement allégée. Mais la conservation des adresses IP étant autorisée, la police obtient ce dont elle affirme avoir le plus besoin. Elle ne peut donc plus accuser la CJUE d'entraver son travail d'enquête pour combattre la pédophilie. De plus, les adresses IP, chaînes de caractères impersonnels et attribués à titre temporaire, méritent le moins d'être protégées. Il ne s'agit que d'une photographie instantanée, et non de réseaux personnels et de suivi des déplacements.»
Un jalon important à l'heure de la pandémie
Der Standard espère que l'esprit de ce jugement sera également appliqué dans d'autres domaines :
«Il tombe au bon moment. En pleine pandémie de coronavirus, le jugement de la CJUE consolide la protection des données. ... Jusqu'à maintenant, la pandémie a eu pour effet de rompre les digues en matière de protection des données dans le monde, et d'attenter considérablement à la vie privée des citoyens. Les smartphones se sont transformés en bracelets électroniques destinés à surveiller les maladies, des entreprises ont eu accès à des données sanitaires individuelles, et plusieurs choses encore inconcevables il y a quelques mois sont devenues possibles - comme l'enregistrement obligatoire des informations personnelles lorsqu'on se rend dans un restaurant. Sans vouloir remettre en cause l'importance des mesures visant à enrayer la pandémie, on aurait tort de négliger la protection des données. L'un ne doit pas exclure l'autre.»