Mercenaires au Haut-Karabakh : quels sont les desseins d'Erdoğan ?

Le gouvernement turc prétend ne pas intervenir dans le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, comme l'affirme pourtant le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian. Les médias font état d'unités de mercenaires turcs dans la région. Une présence dont s'inquiètent les éditorialistes.

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Radio Kommersant FM (RU) /

Une fois que les combattants sont là...

Suite aux rapports évoquant la présence de mercenaires qu'Ankara aurait acheminés au Haut-Karabakh depuis la Syrie, il faut que Moscou soit sur ses gardes, fait valoir Radio Kommersant FM :

«Ces mercenaires tendent à montrer que c'est bien la Turquie, et non l'Azerbaïdjan ou l'Arménie, qui joue les premiers rôles dans le conflit. ... Et il se pourrait bien que 'l'ami Erdoğan' n'en reste pas là. Il y a aussi des frères au Daghestan, en Tchétchénie et surtout en Crimée. ... Le conflit commence à traîner en longueur, et l'on assiste aux premières attaques terroristes. Ces mercenaires gagneront ensuite la Géorgie et la Russie, surtout s'ils sont repoussés du Haut-Karabakh. Combattre ici ou ailleurs, cela leur importe peu - c'est la seule chose qu'ils sachent faire.»

Artı Gerçek (TR) /

Erdoğan dévoile ses rêves panturcs

L'immixtion d'Erdoğan dans le conflit au Haut-Karabakh est une menace pour la Russie, juge également le portail d'opposition Artı Gerçek :

«Erdoğan a répondu à la prise de position du groupe dit de Minsk sur le Haut-Karabakh. Il l'a directement critiqué, soulignant l'impossibilité d'une solution politique. [Le président azerbaïdjanais Ilham] Aliyev, pour sa part, n'a même pas jugé bon d'y répondre. ... Cela montre donc à qui appartient l'Azerbaïdjan. ... Erdoğan veut-il aussi se poser en 'grand leader' en Russie ? Il a jeté son dévolu sur l'Azerbaïdjan, mais aussi sur la Russie. Il ne renoncera pas aux 'régions turques' de la Russie. ... Erdoğan est décidé à accomplir ses visées panturques et à entraîner la Turquie dans l'abîme. L'enjeu, ce n'est pas les Arméniens et les Azerbaïdjanais. Si le Kremlin entend préserver l'intégrité de son pays, il ferait bien de remettre à sa place le pseudo-sultan.»

Die Presse (AT) /

Merkel favorise les agressions

Dans Die Presse, Karl-Peter Schwarz, ex-correspondant pour l'Europe centrale et les Balkans, critique la position de l'UE :

«La seule chose à laquelle le Conseil européen se soit résolu la semaine dernière, c'est appeler à la fin des violences et à la reprise des négociations. Une déclaration qui ne précise pas que l'Arménie, victime d'une agression, a bien entendu le droit de se défendre. L'UE est divisée, une fois de plus. Emmanuel Macron est du côté de l'Arménie, Angela Merkel de celui de la désescalade vis-à-vis de la Turquie - une posture qui ne fait que favoriser une guerre d'agression.»

NV (UA) /

La crainte d'un nouveau génocide

Dans nv.ua, Diana Davityan, ex-porte-parole du gouvernement ukrainien, redoute un coup funeste porté au peuple arménien :

«Aujourd'hui, ma belle Arménie se retrouve entièrement seule. Impassible et démunie, elle défend ses habitants et son histoire. Nous sommes fort peu nombreux - trois millions de personnes vivent sur le territoire arménien. Moins que la population de Kiev. Si Aliyev et Erdoğan devaient un jour s'entendre avec Poutine pour réitérer le génocide commis il y a 100 ans, il leur sera facile de le faire. Si l'on en doute, il suffit de songer à Alep : combien cette ville était belle et paisible jadis, et ce qu'il en est resté après 2016. ... Mon peuple a urgemment besoin de soutien, je vous conjure de lui venir en aide.»