Coronavirus : rapport d'enquête sur le cluster d'Ischgl
La commission chargée d'enquêter sur la gestion de crise dans la station de ski d'Ischgl, dans le Tyrol, devenue en mars 2020 un foyer de contagion à l'origine de milliers de cas en Europe, vient de publier son rapport. Sa conclusion : la station a été fermée bien trop tard et l'annonce du confinement a engendré une réaction de panique. Les éditorialistes pointent d'autres erreurs encore.
La communication de Kurz en cause
Der Standard impute au chancelier Sebastian Kurz la responsabilité des départs en ordre dispersé avec les lourdes conséquences que l'on sait :
«Même si la directive de quarantaine est arrivée trop tard pour Ischgl et les autres centres de tourisme alpin, elle aurait dû s'inscrire dans un plan contrôlable pour la police et la politique. La précipitation a créé la confusion et, in fine, la dissémination incontrôlée de milliers de touristes de par l'Europe. ... Désireux de prouver son efficacité, Kurz a court-circuité les autorités tyroliennes qui étaient en train de définir un plan de quarantaine bien pensé pour s'arroger le rôle de commandant en chef. Ses déclarations en cascade ont créé un mouvement de panique. Si Kurz tenait absolument à annoncer une quarantaine, celle-ci aurait dû être rétroactive ou immédiate, et non prendre effet quelques heures plus tard, comme cela a été le cas. ... Des excuses s'imposent.»
Une loi sur les épidémies datant de l'Empire
Pour le quotidien Kleine Zeitung, le problème est de nature structurelle :
«Il est plus simple de pointer du doigt telle ou telle erreur d'appréciation dans ces journées de mars que de reconnaître que la république a omis, pendant des années, de se préparer à ce type de crise. Sourde aux mises en garde des experts en sécurité face au risque de pandémies mondiales, début 2020, l'Autriche travaillait encore avec une loi sur les épidémies qui n'a guère changé depuis l'époque impériale. Selon le rapport, les agences de santé régionales avaient, à plusieurs reprises ces dernières années, réclamé une modernisation de la loi. Le rapport précise que le ministère de la santé avait mis au point un projet mais qu'en raison d'un changement de gouvernement, il avait été suspendu - subissant le même sort que la mise à jour de la feuille de route en cas de pandémie, en 2006. C'est là que le bât blesse, dans un pays prétendument bien administré.»
Les séjours de sport d'hiver déjà en vente
Il ne sert à rien de produire de tels rapports, juge Sheila Sitalsing, chroniqueuse de De Volkskrant :
«D'autres enquêtes similaires seront menées dans les prochaines années. Avec des analyses cherchant à déterminer quelles autorités en Europe ont été trop négligentes ou bien trop strictes ; si quelqu'un est en tort ou s'il est impossible de gérer totalement une telle catastrophe naturelle. Ou encore si l'on peut ici parler de responsabilité individuelle. Lorsque l'on multiplie les mises à l'index, on se retrouve pointé du doigt par trois index. Ischgl est enneigée de décembre à avril. ... Des séjours de sport d'hiver dans la station autrichienne sont de nouveau disponibles à la vente. A des prix modiques et avec, bien entendu, la garantie des mesures de sécurité adéquates.»