L'Estonie ferme ses écoles mais pas ses églises
Mercredi, le gouvernement estonien a durci les mesures de lutte contre la pandémie, fermant notamment les écoles. Dans le nord-est du pays, région qui détient un des taux records du nombre d'infections en Europe, toutes les activités en public ont été interdites pour une durée de trois semaines, à une exception près : les églises, qui resteront ouvertes dans tout le pays. Les éditorialistes du pays ne savent plus à quel saint se vouer.
De l'inconscience
Le gouvernement ne suit pas les conseils des experts et agit sans discernement, déplore Eesti Päevaleht :
«Bien que l'Eglise protestante se comporte comme un parti politique depuis un certain nombre d'années, la séparation de l'Etat et l'Eglise reste une réalité dans notre pays, et il n'y a pas d'Eglise d'Etat. Récemment, dans l'octroi d'aides financières, les partis membres de la coalition gouvernementale ont montré l'importance que revêtent la foi et l'Eglise dans la politique estonienne. Le gouvernement devrait toutefois avoir suffisamment de jugement pour comprendre combien il est dangereux de fermer tout sauf les églises avant Noël. C'est la garantie de foyers d'infection. Qui en assume la responsabilité ? Depuis quand la foi est devenue la priorité de l'Estonie - encore plus importante que les vies humaines ?»
L'Eglise a trop d'influence
Sur le site de la radio publique estonienne ERR, le commentateur Meelis Oidsalu critique lui aussi le statut spécial dont jouit l'Eglise protestante :
«La liberté de ne pas croire fait partie de la liberté de croyance. L'idée d'une Eglise d'Etat enfreint cette liberté. Le statut à part accordé à l'Eglise protestante se manifeste dans les cérémonies d'Etat et par la présence de prêtres à des fonctions publiques. Il est même surprenant que l'on s'étonne que le plus grand propriétaire foncier - l'Eglise luthérienne - ait réussi à obtenir des aides financières de l'Etat pendant la pandémie. ... Je ne pense pas que l'Eglise doive rester en retrait de la vie de la société estonienne. Au contraire, la religion est un facilitateur de la cohésion sociale, et elle m'a moi-même aidé personnellement. Mais l'existence de facto d'une Eglise d'Etat met sous pression la liberté de croyance.»