Russie : quand les gouverneurs sont des escrocs
En Russie, une fois de plus, un gouverneur de région a été arrêté : Ivan Belozertsev, gouverneur de l'oblast de Penza, dans la partie européenne du pays. Selon les enquêteurs, il aurait accepté des pots-de-vin d'entreprises pharmaceutiques à raison de plusieurs millions. Membre du parti Russie Unie, il venait d'être réélu à son poste en 2020.
Ici, n'importe quel mufle peut être élu
Les sommes en liquide - entre 300 et 500 millions de roubles (soit de 3,4 à 5,6 millions d'euros) retrouvées au domicile de Belozertsev laissent sans voix le commentateur d'Ekho Moskvy, Anton Orekh :
«Je vous souhaite à tous de pouvoir répondre 'quelque chose comme 200 millions en liquide, très approximativement' si l'on venait à vous demander le montant de vos économies qui traînent chez vous dans les coins. Sans compter suffisamment de montres pour en passer une à chacune des tentacules d'une pieuvre - une pieuvre comme Belozertsev. Détail charmant, l'intéressé a été élu par le peuple, à l'automne dernier, à 78 pour cent des suffrages. ... Les électeurs n'ont-ils pas su reconnaître en lui le premier escroc de Penza ? Ou est-ce la preuve que l'on ne peut pas laisser voter les petites gens, qui votent vraiment pour le premier venu, quel qu'il soit ? Ou le décompte des voix a-t-il été effectué à Penza comme partout ailleurs - en arrondissant un peu les angles, en en rajoutant un tout petit peu jusqu'à obtention d'un résultat présentable ?»
Quand le peuple et le pouvoir sont complètement déconnectés
Contrairement à Khabarovsk, dont les habitants s'étaient mobilisés en 2020 contre la déposition de son élu, point de manifestation à Penza. Explications du politique d'opposition Lev Schlosberg, dans un post Facebook relayé par newsru.com :
«Que font les électeurs, qui ont voté par dizaines de milliers pour Belozertsev ? Dans les rues, pas un pèlerin. Car ces élections n'ont pas été l'expression délibérée et libre de la volonté de personnes qui prennent des décisions politiques assumées. ... Le peuple ne s'investit pas en politique. Il dépose un bulletin dans l'urne, mais ce n'est pas un vote à proprement parler. C'est le résultat de l'abolition des libertés politiques sous Poutine. ... Entre le pouvoir et la société, la désaffection est totale. ... Les gens ont été privés du pouvoir, autrement dit du droit de choisir librement ses leaders et ses représentants politiques. Pourquoi devraient-ils donc faire le deuil d'une chose qui leur était parfaitement étrangère ?»