La France légalisera-t-elle l'euthanasie active ?
L'Assemblée nationale française examinera ce jeudi un projet de loi qui prévoit de donner aux personnes atteintes d'une maladie incurable le droit de mettre fin à leur vie par la voie médicale à condition que les souffrances physiques ou psychiques éprouvées par la personne soient jugées insupportables. Jusqu'à maintenant, seul un accompagnement en soins palliatifs provoquant une sédation profonde était légalement autorisé.
Un anachronisme flagrant
Il est crucial de mener ce débat, écrit Le Monde dans son éditorial :
«Certes, la pandémie et son cortège quotidien de victimes rendent la question de la mort plus présente et sensible qu'en temps ordinaire. Mais les drames liés au Covid-19 n'en rendent pas moins nécessaire cette discussion réclamée par un grand nombre d'élus de toutes tendances. En ces temps où l'usage des institutions par l'exécutif tend à marginaliser dangereusement le Parlement, il serait paradoxal que soit étouffé ce débat, alors que, selon plusieurs sondages, une large majorité de Français, y compris les catholiques pratiquants, souhaite une évolution de la loi.»
L'euthanasie, c'est tuer
Dans Le Figaro, les porte-parole du collectif "Convergence soignants-soignés" plaident pour un maintien de la législation en place :
«La loi Leonetti de 2005 relative 'aux droits des malades et à la fin de vie' et son évolution Claeys-Leonetti en 2016 devaient permettre l'accompagnement des patients en fin de vie en respectant un fragile équilibre qui porte toute déontologie médicale digne de ce nom : d'un côté toujours soulager les patients, à défaut de les guérir ; et de l'autre, ne jamais les tuer. Tuer ? C'est de cela dont il s'agit aujourd'hui. Derrière le vocabulaire cosmétique qui veut anesthésier la pensée, se camoufle une réalité : la violence du geste.»